Femmes fatales parmi les femmes fatales

Femmes fatales parmi les femmes fatales

Tel le précieux sésame dont se sert Leeloo Dallas dans le Cinquième Élément, mythique film de Luc Besson, la Cité des festivals relance son Cannes Pass Expo, donnant accès à la totalité de ses expositions payantes, soit cinq événements sur la dizaine présentée cet été ! À commencer par Femmes fatales : Artemisia Gentileschi et Judith de Béthulie, au Musée des Explorations du Monde.

Milla Jovovitch, qui incarnait cette fameuse Leeloo, est-elle une femme fatale ? À chacun son avis sur la question, puisque ce n’est absolument pas le sujet de l’exposition. Non, celle qui nous intéresse ici, c’est Artemisia Gentileschi, représentante du baroque italien et du caravagisme, considérée comme l’une des premières femmes peintres de l’époque moderne, et son chef-d’oeuvre Judith et Holopherne.

Ce tableau, sorti tout récemment des réserves cannoises pour être restauré, est l’élément central d’une exposition qui invite à découvrir 15 oeuvres prêtées par 13 musées français sur le thème biblique de Judith et Holopherne. Le parcours évoque bien entendu l’artiste, le contexte de sa création, mais aussi l’oeuvre longtemps attribuée à un peintre anonyme, l’histoire de sa redécouverte et le thème biblique qui a inspiré Artemisia Gentileschi.

Figure du baroque italien et féministe, Artemisia Gentileschi a trouvé son alter ego en Judith de Béthulie, personnage ayant assassiné le général assyrien Holopherne dans l’Ancien Testament. Ces deux Femmes fatales, au sens originel (de fatum en latin, le destin), ont bravé leur destinée avec courage, se sont battues pour leur liberté et leur autonomie, parfois au péril de leur vie : pour l’une, procès (avec supplice à la clé) en raison d’un rapport sexuel hors mariage, et pour l’autre, opposition à une loi hébraïque qui contraint la veuve sans enfant à prendre pour époux le frère de son défunt mari… Belles, libres, puissantes, fortes, l’artiste et son « modèle » ont notamment été célébrées et associées – femmes fatales parmi les femmes fatales que furent Hatchepsout, Hildegard of Bingen, Georgia O’Keeffe, Mary Wollstonecraft, Virginia Woolf et bien d’autres – au sein de la grande installation The Dinner Party, réalisée par l’artiste féministe américaine Judy Chicago dans les années 70.

Un an après l’exposition Portraits de femmes, l’ex-Musée de la Castre poursuit donc son travail de mise en valeur des femmes dans l’art, trop longtemps réduites au seul statut de muse par notre société patriarcale…

19 mai au 5 sep, Musée des Explorations du Monde, Cannes. Rens: cannes.com

(photo : Artemisia Gentileschi (Rome, 1593 – Naples, 1654), Judith et Holopherne, Huile sur toile, 236 X 178 cm, Musée de la Castre (Cannes) – Inv. 2006.0.751 © CICRP Emilie Hubert Joly)