
27 Jan Villa Sauber, la cosmopolite
Europe et Orient se rencontrent à la Villa Sauber, à Monaco, dans le cadre de l’exposition Monaco-Alexandrie, Le grand Retour. Villes-mondes et surréalisme cosmopolite.
Le Nouveau Musée National de Monaco rend justice au pont métaphorique liant ces deux ports emblématiques de la Méditerranée. C’est une nouvelle manière d’envisager les relations Nord-Sud et d’interroger notre regard sur le monde contemporain, fondamentalement cosmopolite. Monaco-Alexandrie s’émancipe de l’Europe et souligne le lien, plus évident qu’on ne le prétend, entre les deux villes : ballets-spectacles, surréalisme, faune et flore, érotisme féministe ; les trajectoires, malgré le décalage horaire, se recoupent et s’entremêlent. De fait l’exposition est animée par une multitude d’artistes de tous les horizons, fronts, genres et ethnies. Il s’agit de raconter leur itinéraire : les rencontres et les influences qui les caractérisent.
On retrouve sans surprise l’empreinte de l’Égypte, à travers les quelques fragments archéologiques des pharaons. La Salomé de Kees Van Dongen a des allures de danseuse orientale et de Cléopâtre, après le séjour de l’artiste en Égypte. Par ailleurs, Monaco comme Alexandrie sont caractérisées par une dimension insulaire que l’on observe chez Brassaï, et par-delà l’exposition, au Musée océanographique de Monaco. L’horizon se prolonge chez le surréalisme méridional et féministe : longtemps exclues du champ artistique, les protagonistes féminines n’hésitent pas à mettre mal à l’aise le spectateur. On le remarque avec les figures félines dérangeantes de Leonor Fini et Virginia Tentindo, qui explorent la frontière entre érotique et totémique. Finalement, c’est le désir libertaire du poète militant Abdul Kader El Janabi qui incarne le mieux la dimension cosmopolite de l’exposition : en exil à Paris, il en profite pour consacrer son œuvre au surréalisme.
Cette histoire est donc faite de liens qui structurent une expérience méridionale de la modernité, s’incarnant dans des figures d’écrivains, poètes, peintres, décorateurs et philosophes qui ont tous un désir de s’accomplir entre des mondes fluides et transfrontières ; par-delà la montée des nationalismes et des fascismes.

Jusqu’au 2 mai, Villa Sauber – NMNM, Monaco. Rens: nmnm.mc
(photo Une : Vue d’exposition Monaco-Alexandrie, le grand détour. Villes-mondes et surréalisme cosmopolite, Vive l’art dégénéré !, Nouveau Musée National de Monaco-Villa Sauber © NMNM/Andrea Rossetti, 2021)