Maeght offre ses murs à Gandur

Maeght offre ses murs à Gandur

À Saint-Paul de Vence, l’exposition Au cœur de l’abstraction — sur prêt de quelque 120 œuvres sorties de la collection de la Fondation Gandur pour l’Art à Genève — habitera les murs de la Fondation Maeght, du 2 juillet au 20 novembre.

Cette nouvelle exposition recouvre l’effervescente période de l’art abstrait des années 1950 à 1980, et significatives de ce mouvement pictural déflagratoire que le trio, Mondrian, Kandinsky, Malevitch avait initié dès 1910.

Des artistes Georges Mathieu et Nicolas de Staël placés en vis-à-vis dans le passage entre les salles Braque et Giacometti pour entamer le parcours de l’exposition, aux peintres Jean Degottex, Hans Hartung et Pierre Soulages pour le clore, les œuvres choisies dégagent cette même énergie libérée, ce même effort viscéral à vouloir retranscrire les émotions les plus intimes dans un langage pictural redéfini avec fronde par 57 artistes qui se sont radicalement investis dans l’exaltante aventure de l’art abstrait.

Le parcours de l’exposition promènera le visiteur via 9 thématiques mettant en exergue la multiplicité des différentes tendances — art autre ou informel, tachisme, abstraction lyrique et gestuelle, expressionnisme abstrait, abstraction lyrique — qu’illustrent chacune des œuvres choisies et démontre combien dans sa pratique, l’art abstrait ne s’est pas cantonné à un seul et unique mode de langage. Et ses acteurs, lancés dans un mouvement perpétuel de réflexion, de recherche, d’expérimentation et d’émancipation, n’ont jamais faibli dans leur volonté de ne rien représenter, d’en appeler à l’imaginaire et de s’en remettre avec confiance à la libre interprétation du spectateur confronté à leurs œuvres.

De salle en salle, 9 étapes baliseront la visite pour permettre au visiteur d’appréhender l’évolution de l’abstraction au cours des quatre décennies, de 1950 à 1980. Salle Braque : Dialogues évoquera l’immédiat Après-Guerre quand Paris retrouvait sa place majeure sur le marché mondial de l’art, entre abstraction géométrique et abstraction lyrique ; Passage Braque : Peintures mettra en lumière le noir de Pierre Soulages ; salle Miró : Échanges nous rappellera que dans les années 50, beaucoup d’artistes nord-américains avaient traversé l’Atlantique pour venir créer à Paris ; cour Miró : avec Tendances géométriques les artistes déstabiliseront le regard mis en tension rétinienne de par la dynamique exubérante des formes géométriques et la brutalité des couleurs ; la salle Chagall hébergera Expérimentations via les matériaux de «récup’» et le détournement d’objet ; salle Michel Guy : avec Matérialités les matériaux «pauvres» retrouvent leurs lettres de noblesse; salle Kandinski : Épurements fera intervenir bombes aérosols et outils de pulvérisation ; salle Giacometti : plongée de plain-pied dans Supports/Surfaces et les années 70 qui dynamitent la notion d’œuvre par l’exploitation du principe de répétition mécanique d’une forme. Toujours salle Giacometti : fin du parcours avec Renouvellements qui développera l’avènement de nouvelles techniques et l’exploration de la matière.

«L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible», écrivait Paul Klee (1)… Bienvenue Au cœur de l’abstraction !

2 juil au 20 nov, Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence. Rens : fondation-maeght.com

photo : Hans Hartung, T 1987-H3, T 1987-H4, 10 mars 1987, Acrylique sur toile, 180 x 360 cm (diptyque) © Crédit photographique Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe André Morin © Hans Hartung – ADAGP, Paris 2022

(1) Article Credo du créateur publié 1920