04 Oct Fête des théâtres : « Fédérer la scène niçoise »
Plus de 60 spectacles pour plus de 200 représentations… La 8e Fête des Théâtres, qui se tient à Nice et alentours, promet une véritable débauche d’événements à caractère festif, du 7 au 23 octobre 2022, avec une nouveauté, un événement dans l’événement : le 1er Festival de créations.
« J’ai deux obsessions : fédérer la scène niçoise, pour pouvoir l’exporter en quelque sorte, et remplir les salles ! Ce premier Festival des créations, au cœur de la Fête des théâtres, qui a désormais pignon sur rue, c’est une manière d’avancer sur ces deux chantiers. » Voilà en substance, comment Patrick Mottard, conseiller subdélégué au Spectacle vivant et au Développement des nouveaux publics culturels à la Ville de Nice que nous avons rencontré, résume l’objectif qu’il s’est fixé depuis qu’il est à la tête de la Fête des théâtres. Cette année encore, comédies, théâtre classique, seul.e.s en scène, danse, jeune public, lectures, bref, tout ce que compte le spectre du spectacle vivant, ainsi que de nombreux événements annexes (conférences, tables rondes, ateliers, visites) seront explorés durant le festival.
Que représente pour vous cette 8e Fête des théâtres ?
C’est véritablement la première Fête des théâtres à laquelle je pouvais apporter ma patte personnelle, car les années précédentes on était encore dans la lignée à la fois du covid, et de ce qui avait été fait avant. J’ai donc pu mettre en place ce qui me semblait important pour la visibilité de la création niçoise. C’est un festival qui, je l’espère, continuera de prendre de l’ampleur année après année.
Puisqu’on parle de prendre de l’ampleur, la grande nouveauté de cette édition 2022 est le Festival de Créations. Quelle en est la genèse ?
C’est parti essentiellement d’un constat. Cela fait un petit moment que je circule dans le spectacle vivant niçois, et il y a énormément de choses : des lieux, des compagnies, des talents, de l’imagination, de l’ambition… Mais cela n’est pas toujours très lisible. Alors, avec mon équipe, nous avons eu l’idée de créer un événement qui fédère, qui soit une vitrine pour le théâtre niçois, et qui suscite un intérêt médiatique. On aura ainsi, deux semaines durant, quasiment tous les théâtres de la ville qui fournissent une nouvelle pièce, une création. L’idée est de démontrer la vitalité et le talent de la scène niçoise. 22 théâtres participent à cette Fête des théâtres, et nous aurons 20 créations très diverses.
Un jury sera notamment chargé remettre un palmarès…
Oui, c’est un pari que je fais. S’il y a une compétition, il y aura des débats autour de telle ou telle pièce, une mobilisation autour de telle ou telle création. Et pour cela, il nous fallait un jury incontestable, présidé par Henri Legendre, sorte de légende dans l’histoire du théâtre niçois. Ce jury établira un palmarès dont les trois premiers prix (ndlr: Grand Prix, Prix Spécial du Jury pour la créativité et Prix du Public) bénéficieront d’un achat par la ville. Mais surtout, on veut des récompenses qui donnent du sens. Vous savez, mon combat est celui de la médiation et de la conquête de nouveaux publics : les trois créations lauréates seront donc rejouées au printemps au Théâtre Francis Gag, et la moitié de la jauge sera constituée de nouveaux publics, de gens qui n’ont littéralement jamais mis les pieds dans un théâtre de leur vie, dont ce sera la première expérience.
Comment comptez-vous aller chercher ces nouveaux publics ?
C’est une opération qu’on mène depuis 2 ans. L’important ce n’est pas de semer des places gratuites comme ça dans la population, il s’agit de travailler avec des partenaires, qui peuvent être aussi bien l’école de la deuxième chance, des associations, la Direction des seniors de la ville, c’est aussi évidemment les universités et les étudiants… À chaque fois, on veut une structure intermédiaire qui accompagne ces néo-spectateurs en leur faisant de la médiation, avant, après, et qui les accompagne aussi, une fois sur place.
Vaste programmation cette année encore, avec plus de 60 spectacles, pour plus de 200 représentations…
Oui, tout à fait, la Fête des théâtres conserve évidemment sa partie classique, avec de nombreux spectacles. Quasiment tous les lieux en programment deux ou trois. Mais il y aura aussi des événements organisés dans divers lieux de la ville, comme l’Université, l’Artistique, le Conservatoire… On va avoir des tables rondes, des conférences, des masters class, des visites, des lectures, de l’improvisation, des performances, et même une chasse au trésor à la recherche des secrets de la star incontestable de cette édition : Molière (voir encadré ci-contre).
Je sais qu’il est difficile de mettre en avant tel ou tel spectacle parmi cette foisonnante programmation, mais avez-vous des coups de cœur ?
Ah oui ! Oui ! Mais quel délégué au spectacle vivant je serais, si je vous donnais un « pré-palmarès »… (rires) Plus sérieusement, des créations sont plus intéressantes que d’autres, mais l’idée est vraiment d’exposer tout le monde. Vous savez, je suis un fan du festival de Cannes. Là-bas tous les films qui ont le label « sélection » en tirent profit, sont beaucoup plus visibles. Mais ce n’est pas pour autant que l’on crie au génie à chaque Palme d’Or. Eh bien, ici c’est un peu pareil. Ce Festival de créations va mettre en lumière toutes les créations quelles qu’elles soient, et bien entendu, certaines sortiront du lot. Mais ça, c’est la compétition !
MOLIÈRE EN HAUT DE L’AFFICHE
Molière aurait eu 400 ans en 2022 ! Mais les lois de la nature étant ce qu’elles sont, c’est au travers de son œuvre que la France, et la ville de Nice lors de sa 8e Fête des Théâtre, célèbrent cet anniversaire.
Parmi la kyrielle de spectacles au programme, du 7 au 23 octobre, un certain nombre seront associés à ce nom qui résonne particulièrement chez les amateurs du 6e Art : Dissonances Molière présenté par le TNN (voir article ci-contre), Célimène et le Cardinal à la Citadelle de Villefranche, sorte de suite du Misanthrope, Molière, la charrette et le manège au Théâtre Francis Gag, une lecture de et avec Philippe Martin, Tout Molière… ou presque ! passé en revue en moins de 2h, au Théâtre Georges Brassens à Saint-Laurent-du-Var, un Tête-à-Tête avec… Molière, l’illustre Inconnu par Emmanuelle Lorre au Théâtre de la Libé, ou encore Molière est un scandale au Théâtre de l’Alphabet.
Ce spectacle musical de Roland de L’Odéon, aidé à la mise par Sébastien Morena, imagine une soirée entre amis, dans un appartement cossu, lors de laquelle l’assemblée évoque l’aspect intemporel de l’œuvre du plus célèbre dramaturge français à partir de situations qu’ils vivent aujourd’hui, en 2022 : amour, Covid, travers, mesquineries… Et vous savez quoi ? Il avait tout (d)écrit le bougre ! Parallèlement à ce spectacle, le Théâtre de l’Alphabet a imaginé Le Secret de Molière, une chasse au trésor où les participants iront à la rencontre de plusieurs personnages créés par ce très cher JB Poquelin, incarnés par les comédiens de la Cie du Théâtre L’Alphabet, pour résoudre leurs énigmes. À la clef, des invitations pour… Molière est un scandale. Et la boucle est bouclée.
7 au 23 oct, lieux divers, Nice. Rens: theatres.nice.fr
photo : Tête à tête avec Molière au Théâtre de la Libé © DR