La force du cinéma de Guédiguian

La force du cinéma de Guédiguian

L’association varoise Ciné Débats Citoyens organise son 2e Festival départemental du cinéma d’auteur. Après Christian Philibert, une rétrospective particulièrement attrayante autour de l’œuvre de Robert Guédiguian nous est proposée cette année.

Du 6 au 16 décembre, 9 films du cinéaste né à Marseille seront à l’affiche à Draguignan, Fréjus, St Raphaël, Lorgues, Salernes, Saint Maximin et Toulon, l’occasion de revisiter l’œuvre d’un cinéaste généreux, attachant et militant. Christophe Kantcheff, dans son ouvrage sobrement intitulé Guédiguian (Éditions de l’Atelier) écrit : « Guédiguian a composé des films d’humeurs variées, aux tonalités différentes, aux émotions d’intensités diverses, établissant entre eux des réseaux de correspondances complexes, retravaillant ses motifs tout en en inventant d’autres« . Alors qu’il avait déjà bouclé une demi-douzaine de films depuis Dernier été, co-réalisé avec Frank Le Wita en 1981, Robert Guédiguian s’est fait un nom auprès du grand public avec Marius et Jeannette, en 1997. La divine surprise de cet énorme succès constituait une belle reconnaissance d’un parcours déjà remarquable, mais encore peu reconnu. Un public de plus en plus large, toujours au rendez-vous pour Le promeneur du Champ de Mars (2005), Une histoire de fou (2015) ou Gloria Mundi (2020), pour ne citer que ceux-là…

Le « cas » Guédiguian est tout à fait spécial, voire unique, dans le milieu du cinéma français et même international. Une fidélité sans faille, sur près de 40 ans, à une troupe de comédiens autour d’un trio magique et incontournable composé de Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, présents dans plus d’une vingtaine de films et, plus récemment, rejoints par la jeune génération : avec Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stevenin, Adrien Jolivet, et pour son dernier film Twist à Bamako (2021), Alice Da Lutz. En même temps, la fidélité du cinéaste s’étend aussi aux techniciens : le chef opérateur Pierre Milon, l’ingénieur du son Laurent Lafran, le co-scénariste Jean Louis Milesi, relayé par Serge Valetti, et le monteur Bernard Sasia furent de toutes les aventures — ce dernier réalisant lui-même, en 2013, Robert sans Robert, savoureuse petite fantaisie sous la forme d’un documentaire dans lequel il « démonte et remonte » le cinéma de Guédiguian. 

En attendant le prochain opus, Et la vie continue, qui verra la « grande famille » revenir vers Marseille, l’occasion est belle de se mettre à jour avec la carrière d’un cinéaste passionnant et passionné, passé maître dans l’art du réalisme social, et qui reste fidèle à ses valeurs depuis toujours, comme il l’a toujours été à sa ville et à son quartier de l’Estaque, qu’il quitte parfois pour y revenir avec encore plus d’enthousiasme.

6 au 16 déc, cinémas de Draguignan, Fréjus, St Raphaël, Lorgues, Salernes, Saint Maximin et Toulon. Rens: cdc83.wordpress.com

Robert Guédiguian © StephanVanfleteren