01 Fév Le mystère Don Juan
Le chorégraphe suédois Johan Inger fait revivre Don Juan avec la compagnie italienne Aterballetto : une association qui fait éclore un ballet où virtuosité et théâtralité apportent un regard nouveau sur l’éternel séducteur.
On ne compte plus les œuvres de Johan Inger pour le Nederlands Dans Theater, le Ballet Cullberg, puis conçues à la demande de nombreuses compagnies internationales. Dans ce vaste répertoire, les ballets narratifs sont peu nombreux. On y croise Petrouchka, Carmen, Peer Gynt et désormais Don Juan. En compagnie du dramaturge Gregor Acuña-Pohl, le chorégraphe a travaillé sur des versions très variées de l’histoire, depuis la comédie originale de Tirso de Molina datant de 1630 à sa réinterprétation dans une perspective féministe de Suzanne Lilar. Il poursuit ici une véritable quête d’identité afin d’offrir une nouvelle vision de l’homme aux multiples conquêtes, tout en demeurant fidèle au récit de celui pour qui l’infidélité est un mode de vie.
Johan Inger a construit son ballet de façon à proposer une plongée dans la psychologie du personnage, invitant à une recherche de compréhension plutôt que de jugement. La première scène s’ouvre sur ce qui pourrait être le traumatisme à l’origine d’une incapacité à s’engager, d’une insatisfaction perpétuelle et d’une addiction aux plaisirs. Il intègre à sa version la figure de la mère qui se révèle sous les traits de la Commandeure tandis que le valet Leporello, rebaptisé Leo, incarne la figure morale qui tente de détourner Don Juan de ses mauvais choix. La technicité des danseurs de la Fondazione Nazionale Della Danza Aterballetto, à laquelle vient s’ajouter la complicité née d’une quatrième collaboration avec le chorégraphe, permettent de développer une approche ambitieuse qui se traduit dans les pas de deux d’une sensuelle intensité tout autant que dans d’envoûtantes scènes de groupes.
5 fév 18h, Palais des Festivals, Cannes. Rens: palaisdesfestivals.com
photo: Cie Aterballetto, Don Juan © Celeste Lombardi