À l’Est, toute !

À l’Est, toute !

À l’occasion des 150 ans de la naissance de Sergueï Rachmaninov, l’Orchestre National de Cannes propose de s’intéresser aux musiques de l’Est, et notamment à quelques compatriotes du compositeur russe.

Le 8 février, c’est d’abord Rachmaninov lui-même qui sera à l’honneur sous les doigts du pianiste Nikolaï Luganski, spécialiste du Maître et plus largement des musiques Russes. Puis le 19 février, sur le même thème, c’est Roméo et Juliette de Tchaïkovski qu’interprètera une autre soliste invitée, la violoncelliste Nadège Rochat, en compagnie de l’Académie de l’Orchestre national de Cannes (anciennement Sympho New).

Ces deux grands compositeurs russes appartiennent à un courant romantique marqué. Tchaïkovski s’appuie sur des influences européennes et le folklore national pour composer sa propre identité musicale, allant globalement à contre-courant de ses contemporains dans une période où les influences occidentales sont controversées en Russie suite à la guerre de Crimée (déjà !) entre 1853-1856. Par la suite, il se rapproche du Groupe des Cinq et dédie même son ouverture-fantaisie Roméo et Juliette à son fondateur, Mili Balakirev. C’est cette pièce que vous pourrez écouter le 19 février, accompagnée des Danses Polovtsiennes, extrait de l’opéra Le Prince Igor composé par Borodine, membre éminent de ce même groupe qui représentait en quelque sorte le mouvement romantique et post-romantique nationaliste russe à la fin du XIXe siècle, et du Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur de Dvořák, artiste tchèque invité à l’époque à donner quelques représentations à Moscou à l’initiative de Tchaïkovski lui-même. 

C’est sur le modèle de ces grands hommes que Rachmaninov va faire perdurer le courant romantique dans son œuvre, indépendamment de l’évolution musicale de son temps, en créant majoritairement des concertos pour piano. Sa renommée est immense et il connaît un grand succès avec son Concerto pour piano et orchestre numéro 3, l’une des pièces les plus « périlleuses » de son répertoire que l’on pourra apprécier, le 8 février, avec la Suite pour Orchestre n°2 de Bartók puis avec le Concert Românesc pour petit orchestre d’un compositeur qui lui porte une grande admiration à ce dernier, Ligeti. Ces deux artistes hongrois rendent honneur au folklore d’Europe de l’Est et à leurs origines ; Bartók notamment se lancera dans l’exploration scientifique des musiques traditionnelles suivant le patriotisme musical hongrois, sans toutefois se réclamer d’une quelconque revendication nationaliste, en s’intéressant à tous les folklores, notamment roumains et slovaques.

Vous avez là deux soirées pour (re)découvrir des pièces musicales d’Europe de l’Est, caractéristiques de leur temps, respectivement dirigées par Arie Van Beek puis par Benjamin Levy.

Rachmaninov, 8 fév 20h / Tchaïkovski, 19 fév 17h. Théâtre Debussy, Cannes. Rens: orchestre-cannes.com

photo: Nadège Rochat © DR