Going Bach to Shakespeare

Going Bach to Shakespeare

À Monaco, la célèbre actrice anglaise Charlotte Rampling et la musicienne-violoncelliste franco-américaine Sonia Wieder-Atherton conjugueront leurs talents sur les planches du Théâtre Princesse Grace pour mettre deux pures virtuoses du mot et de la partition sous les feux de la rampe.

Sobrement intitulé Shakespeare/Bach, le spectacle — en langue anglaise et sur-titré en français en vidéo — ose l’anachronisme d’une rencontre au sommet entre le dramaturge-poète né en 1564 et le musicien-compositeur né en 1685. Il y a 10 ans, Charlotte Rampling et Sonia Wieder-Atherton avaient déjà initié une expérience similaire rapprochant la poétesse Sylvia Plath et Benjamin Britten. L’envie de remettre le couvert avec ces totems de la culture mondiale en entrecroisant leurs œuvres dans un projet créé à partir des sonnets de Shakespeare et des suites de Bach, s’est imposée comme une évidence à Sonia Wieder-Atherton, également responsable de la mise en scène : « Parfois, la mémoire revient, apportant avec elle des visages, des noms, des morceaux d’histoires et des sons. De ce lieu émergent les sonnets de Shakespeare, parfois lointains mais empreints d’une présence pénétrante… Le violoncelle, à travers les suites de Bach, met au jour des fragments de mémoire et sculpte le temps. »

En semi-pénombre au cœur d’un frugal dispositif scénique où défile la traduction des textes en arrière-plan, tandis qu’en fond de scène un mur de photos expose des visages familiers, deux femmes d’aujourd’hui font peu à peu émerger les insondables vibrations qui relient le poète et le musicien. Et par-delà les siècles et les modes éphémères, entre ces deux hommes d’hier plus que jamais vivants dans nos vies présentes, une connexion quasi sensorielle se matérialise. La magie opère. Reconnaissable entre toutes, diction précise et voix pondérée, Rampling enlace celle du violoncelle à la note près. « Le violoncelle, lui, à travers les suites de Bach, fait réapparaitre des pans de la mémoire et sculpte le temps. » Ne dit-on pas qu’il est l’instrument dont le son se rapproche le plus de la voix humaine. Énigmatique, méditatif, Shakespeare/Bach parvient à nous exfiltrer d’un quotidien expéditif et dématérialisé, le temps d’une pause.

9 fév 20h, Théâtre Princesse Grace, Monaco. Rens: tpgmonaco.mc
photo: Shakespeare/Bach © Quentin Balpe