01 Mar Suivez le parcours géopoétique
Les 17es Journées Poët Poët s’installeront du 15 au 26 mars dans toutes les Alpes-Maritimes. Un parcours géopoétique qui s’étendra de Nice à la Vallée de la Roya, et placé sous le signe des Frontières, thématique officielle de ce Printemps des Poètes 2023.
Crises climatiques, sociales, économiques, guerres, pandémies… L’état de notre monde n’est pas glorieux ! Mais au lieu de tout lâcher, de s’abandonner au désespoir confortable, à la mort de l’esprit et des mots, il semble important de redécouvrir notre Terre, d’écrire de nouvelles pages qui serviront de fondations à l’avènement d’un environnement plus vivable. Par-delà toutes les différences culturelles et historiques, l’humanité a plus que besoin d’une base commune. Voilà en substance ce que propose la géopoétique, concept formalisé par le poète, écrivain et essayiste écossais Kenneth White. Un néologisme qui sied on ne peut mieux à la thématique de ce Printemps des Poètes 2023, auquel se rattachent ces Journées Poët Poët : Frontières.
« Après L’Ardeur, La Beauté, Le Courage, Le Désir puis L’Éphémère, j’avais en tête un intitulé libre et fantaisiste. Pas forcément féerique, mais sans équivoque ni férocité. Un mot qui en appelle à la félicité et à l’imaginaire. Jusqu’à ce que la tragédie guerrière s’abatte sur l’Ukraine. Que l’histoire des frontières, des conflits et des territoires, revienne cadenasser nos consciences. Tourmenter nos esprits« , explique Sophie Nauleau, directrice du Printemps des poètes. Mais, comme elle le souligne, il convient de rappeler que « les frontières ne sont pas seulement géopolitiques ou armées« , elles peuvent être ce ce fil ténu qui sépare l’enfance de l’âge adulte, l’amour de l’amitié, ce court moment qui nous fait passer de la chaleur d’un songe nocturne à la fraîche réalité du petit matin…
De la poésie sur le fil…
Le Poët Burö, entité composite d’esprits vivants et curieux, en charge de l’organisation de l’événement, pose alors la question suivante : le pouvoir fraternisant des mots nous permettra-t-il de dépasser les limites établies entre nous ? Souhaitons-le, car il a imaginé un copieux programme ! Sur le fil – sous-titre de ces 17es Journées Poët Poët – de ces frontières, de ces limites, de ces murs, bordures, démarcations, séparations, appelez-les comme le voulez, un certain nombre d’actions inédites au croisement des arts jalonnera donc le festival : installations d’écoute poétique sur le littoral et jusque dans les vallées, performances croisées de poètes venus d’ici (Benoit Berrou) et d’ailleurs (Marina Skalova) pour le premier coucher de soleil du printemps, le 20 mars à l’Entre-Pont, retour de la Petite Maison de Poësie itinérante dans les quartiers de la ville de Nice, qui entamera son périple le 15 mars sur la Coulée Verte, en ouverture du festival. Une inédite Table ronde qui tourne comme la Terre, où dialogueront le poète Jean-Pierre Siméon, le maire d’Aiglun, Anthony Salomone, et une éducatrice sociale, siègera dans l’auditorium de la BMVR Nucéra à Nice, le 16 mars, tandis que la traditionnelle Journée en Pouasie investira le monastère de Saorge, trois jours plus tard. Enfin, des lectures et ateliers, une exposition, une scène SLAM, ou encore des rencontres avec les scolaires, compléteront ce gargantuesque programme.
Inviter des poéte.sse.s vivant.e.s, expérimenter les dimensions livre/hors du livre, les actions in situ/ex situ, maintenir l’approche transdisciplinaire, développer les publics, affirmer la place du poète au cœur de la cité, occuper poétiquement les espaces d’un territoire hétérogène… Bref, présenter « La poësie dans tous ses états d’art« , voilà donc la mission que se donne le festival, créé par Sabine Venaruzzo.
…et des invités sans frontières
Pour cette nouvelle édition, Les Journées Poët Poët – qui invitent chaque année des poètes et artistes pluridisciplinaires de la région à intervenir de concert, accompagner et enrichir les performances – accueilleront des voix nouvelles venues d’ailleurs, dont le parrain de cette édition : le poète et romancier haïtien, James Noël. Né en Haïti en 1978, ancien pensionnaire de la Villa Médicis et détenteur de nombreux prix, il est une figure très active de la scène poétique internationale. Son dernier livre Brexit (suivi de La Migration des murs) est une chronique puissante du Brexit, prolongée par un pamphlet poétique et philosophique que James Noël avait commencé à rédiger en mémoire des ravages provoqués par le séisme de 2010 à Haïti. Un texte très vite devenu une invitation universelle à faire table rase de tous les murs qui font les ruines du monde. « Gloire à la santé des peuples qui refusent d’être otages de la pandémie des murs. Tous ces murs systémiques, systématiques, parasismiques, qui ne tremblent pas devant le biberon troué d’un enfant rempli de la plus grande soif de vivre« , écrit-il. Autant dire que le bonhomme maîtrise le concept de frontières… Le public pourra le rencontrer à l’occasion d’une Carte blanche qui lui sera offerte à la BMVR Louis Nucéra le 22 mars, ou lors de La popotte des Poët Poët en clôture du festival, le 25 mars dans la Halle du village d’Aiglun.
Parmi les autres invités phares : Marina Skalova, poétesse et traductrice russophone, Salpy Baghdassarian, poétesse et traductrice syrienne, Jean-Pierre Siméon, porte-voix militant d’une poésie vivante pour tous et partout, et Laure Nillus, artiste plasticienne qui présentera l’exposition Prélude à dé-payser au Centre culturel La Coupole, à La Gaude, du 2 au 24 mars.
Alors au diable les frontières ! Car au fond, ce qui compte vraiment ce sont les gens, les autres. Peu importe les territoires qui les ont vus naître… D’ailleurs, on ne saurait contredire le grand Frédéric Dard alias San Antonio qui écrivait : « Les hommes sont les mêmes partout, les frontières ne figurent que dans nos âmes. Mais ne dis jamais à personne que la seule vraie patrie de l’Homme, c’est l’Homme ! On te prendrait pour un poète. Ce qui est pire que tout. »
15 au 26 mars, Département des Alpes-Maritimes. Rens: FB journeespoetpoet & unepetitevoixmadit.com