Les mains en l’air !

Les mains en l’air !

C’est un Hold-up ! Jean-Claude Silbermann, dernier surréaliste historique vivant, n’a plus rien à perdre et a décidé de braquer La Banque, Musée des cultures et du paysage de Hyères.

Introduction facile pour évoquer l’exposition qui met à l’honneur l’œuvre de cet artiste, monument vivant du surréalisme, imprégné du loufoque et de l’étrangeté caractéristiques de ce mouvement poétique et artistique du XXème siècle, déterminant dans le monde des arts, directement issu de la révolte incarnée par le mouvement dada à la fin de la Première Guerre mondiale. C’est André Breton qui l’invitera à rejoindre l’aventure en 1951, durant laquelle il y côtoiera la fine fleur de la littérature française de l’époque : Artaud, Péret, Éluard, Soupault, Aragon…

Fidèle à la conception surréaliste, le parcours de l’exposition est « envisagé comme une effraction à main armée dans un lieu public« , nous indique la ville de Hyères. La main armée n’est autre que Jean-Claude Silbermann lui-même, qui espère mettre à mal les codes pré-établis, les conventions obsolètes de la création artistique. Il compte sensibiliser le visiteur à travers 70 compositions surréalistes, dont ses plus grandes œuvres comme l’installation Babil-Babylone composé par près de 58 éléments prêtés par le musée de Genève. On y retrouve aussi des extraits de poésie, des montages en bois, des dessins à l’encre ou au crayon…

Différentes techniques qui dévoilent la réflexion de l’artiste plasticien, motivée par le rêve et l’inconscient. On le constate à la lecture de ses poèmes : c’est en s’imprégnant du bouleversant Alcools d’Apollinaire qu’il a une révélation, qu’il souhaite devenir poète. « Breton, Antonin Artaud, Benjamin Péret, c’était une autre façon de penser. La poésie semblait être une langue étrangère que je comprenais« , explique-t-il. On retrouve ce caractère excentrique dans l’écriture loufoque de Silbermann dont quelques bribes sont exposées à Hyères. Langage de la folie et de la création, ces œuvres sont caractéristiques de la subtilité et du génie qui se dégagent de l’artiste. Hold-up ! est donc un véritable braquage, un dynamitage des codes, qui vise à entrer par effraction dans l’esprit du visiteur. À découvrir jusqu’au 4 juin prochain.

Jusqu’au juin, La Banque, Musée des cultures et du paysage de Hyères. Rens: FB MuseeHyeres
photo: Série L’attente et le moment opportun 2021-2022 Huile sur toile marouflée sur contreplaqué découpé © Vincent Arbelet © ADAGP, Paris, 2023