Un peu plus prés des étoiles

Un peu plus prés des étoiles

À Monaco, ultimes vérifications pour le vaisseau Forum Grimaldi avant d’embarquer ses passagers dans le trip spatio-temporel de 2001 : Odyssée de l’espace, version ciné-concert live.

Le 21 mai, l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, sous la direction du pianiste et organiste néerlandais Pieter-Jelle de Boer, et le Chœur Vox Clamantis, conduit par l’estonien Jaan-Eik Tulve, se mettront au diapason pour interpréter la célèbre bande-son de cet « opéra cosmique », tandis que sur l’écran défileront les visions psychédéliques de Stanley Kubrick. Une rencontre du troisième type sur les partitions de György Ligeti, Richard Strauss, Aram Khachaturian et Johann Strauss fils.

Lors de la Première à Los Angeles en 1968, le film, inspiré de La Sentinelle d’Arthur C. Clarke, déboîte littéralement les spectateurs. Pas de message, aucune explication. Juste des questions philosophiques laissées en suspens. Des gens quittent la salle, dont l’acteur Rock Hudson : « Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? » L’opus monumental enchaîne une lente succession de séquences hermétiques : lever de soleil dans le cosmos, bande d’australopithèques agités qui poussent des cris autour d’un intriguant monolithe noir, os-matraque lancé dans le ciel mué en vaisseau spatial dans sa redescente boomerang, désert africain, fœtus astral, ordinateur cyclopéen à l’œil rouge – Hal 9000 – qui débloque et devient tueur en série, un astronaute seul dans une chambre… Images définitives à jamais encastrées dans nos cerveaux cinéphiles. Le cosmonaute Alexeï Leonov, premier homme à être sorti dans l’espace en 1965, dira : « J’ai maintenant l’impression d’avoir été deux fois dans l’espace après avoir vu 2001« .

Des millions de spectateurs ont regardé Neil Armstrong, le 21 juillet 1969, sortir de sa capsule et faire un pas sur la Lune. De la fiction à la réalité, il n’y a qu’un pas. Un pas de géant que Stanley Kubrick, l’alchimiste de la pellicule franchit en connectant de la musique très classique à des images très futuristes. L’osmose est totale. L’image existe pour la musique comme la musique existe pour l’image. À peine une quarantaine de minutes de dialogues sur les 2h30mn de durée du film, et la première ligne ne survient qu’à la 25e minute. Il expliquera : « 2001, l’Odyssée de l’Espace est une expérience non verbale visant à atteindre le spectateur à un niveau de conscience, juste comme la musique. » Quelle introduction plus volcanique, plus décuplée que celle choisie en introduction par le cinéaste, avec le poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra op.30 de Richard Strauss ? Quoi de plus oppressant, de plus insondable que le Kyrie du Requiem de György Ligeti ? Et quoi de plus poétique, de plus lumineux que la valse du Beau Danube bleu de Johann Strauss II qui fait se balancer, tel un berceau de nourrisson, le vaisseau Discovery largué dans l’Incommensurable ? Toutes les réponses en images, et en musique, le 21 mai au Forum Grimaldi.

21 mai 18h, Grimaldi Forum, Monaco. Rens: opmc.mc & grimaldiforum.com
photo: 2001 © Courtesy of Warner Bros. Pictures