06 Déc Calzolari, un artiste habité
La Villa Paloma – Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) consacre, sur les trois étages du musée, une exposition à l’italien Pier Paolo Calzolari, l’un des pionniers majeurs de l’Arte Povera. Lancée le 17 novembre, Casa Ideale est visible jusqu’au 7 avril 2024.
Il s’agit d’œuvres produites par Pier Paolo Calzolari, né à Bologne en 1943, sur une période courant de la fin des années 1960 jusqu’à 2014. Casa Ideale (Maison Idéale) fait directement référence à un texte-manifeste de 1968. Conçue selon un mode rétrospectif, l’exposition offre au public l’opportunité de découvrir le langage si novateur, sensible et singulier d’un travail pluridisciplinaire aussi libre que poétique. Alchimie des matières brutes et/ou récupérées. Telles ses installations éphémères et évolutives ou son recours à des matières à durée limitée. Givre, Vapeur d’eau, Sel, Lichen, Pétales de rose…
C’est du reste ce texte-manifeste en italien, datant du 22 octobre 1968, en version grand format, installé au bas de l’escalier du rez-de-chaussée de la Villa Paloma, qui se charge d’accueillir visiteuses et visiteurs en donnant le coup d’envoi d’une visite presque comme à la maison. Car la Villa Paloma, qui fut autrefois une demeure familiale, connaît désormais une autre vie en tant que musée où les œuvres donnent toute la résonnance de leur relation à l’espace, grâce à la configuration de ce lieu qui les répartit idéalement. Comme si elles avaient toujours occupé l’endroit.
Quand on monte au deuxième étage, c’est la sensation ressentie en apercevant dans l’embrasure d’une porte, l’installation emblématique de Calzolari, Tolomeo – 1989. Comme si l’on entrait physiquement dans l’œuvre, en entrant dans la pièce. Une table de cuivre givrante dont le phénomène de condensation permet de générer une couche glacée qui se forme sur la tranche du pourtour de la table, et dont le surplus qui tombe à terre finit par tracer un halo de givre en forme de rectangle d’un blanc pur. Comme si la Villa Paloma devenait elle-même un « matériau » participatif et performant dans le parcours de l’exposition. Accroché au mur, face à la table, un grand carré bleu nuit, Senza titolo (Luna) – 1979, lui répond ajoutant encore à l’hermétisme du lieu. Faire halte pour contempler un panneau de bois brûlé (châtaignier, cèdre du Liban, chêne, noyer), Senza titolo (Black wood) – 1988, qui décline la gamme infinie du noir.
Au troisième étage, un portrait sans visage attend qu’on le lise : Specchio oro portrait – 1969-2003 (traduisez Portrait miroir doré) sont inscrits sur un panneau… doré. Tout au long de l’exposition, chaque œuvre contribue, par sa présence, à apporter son témoignage dans « l’histoire » globale qu’elle cherche à raconter ou à faire vivre au public. Peut-être un rêve, une expérience irrationnelle, un voyage intérieur. Peut-être les trois à la fois.
C’EST UNE PREMIÈRE !
Notez que le NMNM s’associe pour la 1e fois au festival Printemps des Arts de Monte-Carlo pour proposer un évènement qui entrecroise arts plastiques et musique, en donnant carte blanche à Lara Morciano, Samir Amarouch et Éric Montalbetti. Ensemble, ils composeront des musiques inspirées de l’exposition de Pier Paolo Calzolari, que Frédéric Audibert (viloncelle), Fanny Vicens (accordéon), et Véronique Fèvre (clarinette) se chargeront d’interpréter. À découvrir les 24 mars et 7 avril 2024.
Jusqu’au 7 avr, Villa Paloma – Nouveau Musée National de Monaco. Rens: nmnm.mc
photo: Pier Paolo Calzolari Natura morta B (détail), 2005, Tempera au lait sur toile, fer, livres en plomb, plomb 231,5x154x54cm, Collection privée Crédit photo : Michele Alberto Sereni © Pier Paolo Calzolari / ADAGP, Paris