27 Fév Douces nuits tropicales
En compagnie de Vincent Segal, Ballaké Sissoko et Roger Raspail, le chanteur-guitariste, aventurier de la créolité, David Walters, délivrera les morceaux de son opus Nocturne, en mars au Carré Sainte-Maxime. Une méditation en clair-obscur, un voyage teinté de mélancolie, un feu sacré qui brûle en douceur.
La musique du monde n’a jamais aussi bien mérité son nom : quatre musiciens remarquables se retrouvent pour faire une musique à la fois enlevée et rêveuse, légère comme l’air chaud qui monte au-dessus d’un feu de braises, aussi dense que volatile. Le tintement principal est antillais. D’abord parce que David Walters est originaire de cette île des Caraïbes… mais de sang mêlé : sa mère est martiniquaise, née en Angleterre, son père est un anglophone de Saint-Kitts, mais né à Paris, et s’efforcera plus tard d’apprendre le créole. Le nom de ses albums donne le ton : Soleil kreyol et Soul tropical – deux titres jumeaux qui jonglent avec leurs origines. Nocturne, enregistré après le confinement, est comme le symétrique inverse de ces soleils tropicaux. On y entend la voix de David, en créole surtout, avec une indolence grave, parfois contrastée par un falsetto dans l’aigu qui rappelle les premiers chanteurs de spirituals. D’autant qu’on y surprend quelques mots d’anglais : Music is a weapon… Clin d’œil à New York autant qu’au Nigeria de Fela Kuti. Et il semblerait que le souvenir lointain des Nocturnes de Chopin ne soit pas totalement fortuit.
Pour cette musique acoustique, David Walters fait appel à ses amis : Vincent Segal d’abord, ce violoncelliste touche-à-tout qu’on trouvait déjà sur des enregistrements précédents, fait entendre des arpèges délicats ou des crissements lancinants qui se souviennent de la musique répétitive de Steve Reich. Balaké Sissoko, depuis longtemps associé au précédent, est un maitre de la kora qui joue sur tous les terrains, mais a gardé de la tradition ce piqué acide, et cette averse précipitée. Quant à Roger Raspail, c’est un percussionniste guadeloupéen d’abord formé aux secrets du gwo ka, aux rythmes magiques et précis qui font s’élever des forces inconnues. Mais nourri de cette culture ancestrale et parfois cachée, il s’est risqué depuis des décennies auprès d’improvisateurs très divers, de Cesaria Evora, à Papa Wemba ou Chico Freeman. Un quartet de grand luxe !
16 mars, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr
photo : David Walters (guitare), Roger Raspail (percussions), Ballaké Sissoko (kora), Vincent Segal (violoncelle) © Ingrid Marseki