27 Fév Hermon Mehari : retour aux racines
Avec Asmara, Hermon Mehari, talentueux trompettiste américain, dévoile un album très personnel sur lequel il explore ses racines érythréennes. Pour leur avant-dernière date de la saison, les Jeudis du Jazz convient le musicien à Cannes, le 21 mars.
Trompettiste bien formé au conservatoire de Kansas City, Hermon Mehari a rapidement obtenu une reconnaissance académique mais aussi celle de ses pairs au vu de son talent de souffleur. Dans son premier album, Bleu, sorti en 2018, on retrouvait déjà Logan Richardson et Aaron Parks, et des collaborations actives avec Sélène Saint-Aimé ou encore NO(w) Beauty, en compagnie de Enzo Carniel et Stéphane Adsuar. Le tout marqué par le son énergique et les solos puissants de Hermon Mehari.
Arrivé en France en 2015, il garde un ancrage dans l’Hexagone au point d’y passer le confinement dans une grange de la campagne française. L’occasion pour lui de prendre le temps de se confronter à ses pensées et ses rêves, et déjà de questionner ses racines avec le morceau Eritrea que l’on retrouve sur l’opus A Change for the Dreamlike, avec notamment Tony Tixier au piano. Né aux Etats-Unis, Hermon Mehari n’a pas connu l’exil, même s’il est le fruit de l’exil, celui de son père fuyant la guerre en Éthiopie. Il est poussé par Antoine Rajon à renouer avec ses racines érythréennes, ce qui donne lieu à Asmara, sorti en 2023 sur le label Komos. Pour ce dernier opus, l’artiste s’est entouré de complices de longue date : Peter Schlamb au piano, Luca Fattorini à la basse et Gautier Garrigue à la batterie, mais aussi la voix poignante de la combattante Faytinga sur deux titres. Comme une réponse au projet précédent, le titre I remember Eritrea prolonge l’interrogation sur ses origines et sur son père qui avait tout abandonné pour reconstruire une autre vie, sur un autre continent.
Bercé entre ces deux mondes, Hermon Méhari signe avec Asmara un album intime que l’on découvrira avec plaisir pour cette avant-dernière soirée des Jeudis du Jazz à Cannes. En avril, on retrouvera Rodolphe Lauretta, qui lui aussi honorera ses racines, caribéennes cette fois, avec Kréolia.
21 mars, Théâtre Alexandre III, Cannes. Rens: cannes.com
photo : Hermon Mehari © Maria Jarzyna