21 Juil Menton : l’éternel retour de la modernité
Pour sa 76e édition, le Festival de Menton reste fidèle à son prestigieux héritage, en convoquant les plus grands compositeurs. Un vaste héritage qu’il croise avec une inlassable curiosité ouvertement contemporaine, notamment grâce à la venue de jeunes interprètes de talent. Et au cœur de cette programmation, un hommage à Maurice Ravel, né il y a 150 ans, par l’un de ses fervents admirateurs : Bertrand Chamayou.
Le pianiste français, reconnu internationalement pour sa sensibilité et sa virtuosité, proposera, le 31 juillet sur le Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange, une intégrale de l’œuvre pour piano solo de Maurice Ravel (1875-1937).
Plus que familier du compositeur, en 2016, Bertrand Chamayou publiait, chez Erato, une intégrale de la musique pour piano seul de Maurice Ravel. Lui qui dirige par ailleurs le Festival Ravel, organisé depuis 2020 dans le Pays basque, région natale de cette figure influente de la musique française au début du XXe siècle. De sa première rencontre au piano avec l’une de ses œuvres (le jazzy et épuré Prélude), aux cours dispensés par Jean-François Heisser (lui-même élève d’un proche de Ravel, Vlado Perlemuter), jusqu’à ses propres enregistrements, le pianiste originaire de Toulouse n’a de cesse de revenir à l’œuvre du compositeur français. »Ravel a été un personnage clef dans mon développement musical« , estime Bertrand Chamayou. « Jouer Ravel, c’est un retour à la maison, car c’est une œuvre qui m’est complètement familière« .
Cet éternel « retour aux sources« , il l’abordera à Menton dans toute sa complexité : évocation onirique des Miroirs, ivresse rythmique des Valses nobles et sentimentales, virtuosité de Gaspard de la nuit, rareté de pièces comme À la manière de Borodine ou la Sérénade grotesque. Le pianiste ébauche un portrait on ne peut plus vivant, où le raffinement du Tombeau de Couperin rencontrera également la poésie des Jeux d’eau. De quoi révéler les différents visages d’un compositeur à la fois impressionniste, néoclassique et fantasque. Un récital en deux volets qui, par son ambition, s’impose comme le sommet du festival, à la hauteur de l’anniversaire qu’il célèbre.
Autour de cette date phare, l’édition 2025 du Festival de Menton multipliera les promesses : le fougueux Nemanja Radulovic et l’Orchestre Double Sens se lanceront dans un dialogue baroque entre Bach et Vivaldi ; le ténor Pene Pati et l’ensemble Il Pomo d’Oro ressusciteront l’âge d’or des chansons napolitaines ; Renaud Capuçon, « passeur » que l’on connait, réunira le violoncelliste Kian Soltani et le pianiste Mao Fujita pour une rencontre intergénérationnelle… Tout comme ce dernier, la pianiste russe Yulianna Avdeeva fera elle aussi ses débuts à Menton en interprétant un programme dédié à Chopin, tandis que sa jeune compatriote Alexandra Dovgan (18 ans !), après un premier passage l’an passé, reviendra sillonner un parcours audacieux qui conduira de Beethoven à Prokofiev. L’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles, dirigé du clavecin par Justin Taylor, refermera quant à lui le festival autour de la dynastie Bach.
« Ces concerts sur le Parvis et au Théâtre seront entrelacés d’une série de concerts au Palais de l’Europe avec une nouvelle génération d’artistes passionnants« , résume Paul-Emmanuel Thomas, directeur artistique du festival. Un programme qui illustre finalement cette dualité totalement assumée du festival, qui aime à mêler tradition et modernité. À l’image d’un Ravel, qui refléta le bouillonnement culturel et créatif de son époque.
22 juil au 8 aoû, Parvis de la Basilique Saint-Michel Archange & lieux divers, Menton. Rens: festival-musique-menton.fr
photo: Concert d’ouverture du 69e Festival de Musique de Menton © Ville de Menton