Occupy the street

Occupy the street

Nous avons choisi ce titre en référence au mouvement contestataire Occupy Wall Street, car « occuper la rue » veut dire tellement de choses… N’est-ce pas le retour de l’imagination et la volonté de rappeler que l’espace public est la maison de tous et qu’il vaut mieux y mettre du sens avec de la création plutôt que la polluer avec des images publicitaires, voire de propagande, qui sont les stigmates d’une société où le “tout, tout de suite“, le profit et les écrans connectés nous promettent un enfer dont les pires dystopies nous parlent depuis longtemps. Avec Coul’heures d’Automne, l’association Label Note nous propose de rêver d’un autre monde grâce aux Arts urbains. De la couleur, de la liberté, partout dans les rues d’Antibes, mais aussi des concerts, des projections-débats, des ateliers…

Nous avons rencontré Sébastien Hamard, fondateur et responsable de Label Note qui a créé les Nuits Carrées, La sChOOL et Coul’heures d’Automne (retrouvez son interview TV ci-dessous). Les prémices de ce festival remontent à des actions d’art urbain lors des deux dernières Nuits Carrées, où ils ont produit des fresques monumentales en marge du Festival. C’est là que l’idée de créer une manifestation dans une période automnale qui avait besoin de ce type d’événement est apparue. Il faut dire que la création de La sChOOL a mis en place tout un écosystème où l’art urbain revêt une importance marquante. Sébastien Hamard a toujours été proche de la culture urbaine, ne serait-ce que par l’idée qu’il se fait du jazz — il est musicien — qui reste pour lui une musique faite par des gens de la Rue. Il y a aussi une manière d’éviter ici la dévolution qu’a entraîné l’industrie du disque sur la musique, l’espoir que le geste artistique reste le plus important dans cet art qui « occupe la rue ». Parvenir à préserver l’authenticité du geste qui n’a jamais eu besoin de permission tout en l’officialisant, tel est le pari de Label Note. Pour la conception de cette manifestation, l’association a collaboré avec un passionné : Cyrille Benamou, éditeur de catalogues sur les street artistes et rédacteur en chef de Street Art Magazine. Il fait tout ça discrètement, mais avec un engagement artistique sans faille.

Cette manifestation alignera soirées musicales et expositions. En particulier, grâce à des Coul’Box disséminées à travers la ville qui permettront de laisser toute liberté aux artistes… Il y aura aussi des projections/conférences avec la venue d’un « énorme » documentariste : Antoine Page, qui a suivi un très jeune street artiste, Zoo Project, mort à 23 ans devant un mur, à Detroit en 2013. Une installation de Zoo Project sera présentée parallèlement aux projections. Elle avait été créée et installée sur les marches du parlement lors de la révolution civile ukrainienne. Son film sera présenté sous deux formats : un format court, accessible au jeune public, et un autre plus long, non expurgé des images de souffrance du jeune artiste Zoo Project et des difficultés rencontrées par le documentariste lors de son périple à travers l’Europe.

C’est là que l’on se rend compte de la démarche du Street Art, qui va sur le terrain, et intervient en collaboration avec la population du territoire couvert. Il y a quelque chose du mouvement Occupy Wall Street chez ces créateurs, qui ont choisi l’action, le partage et refusent le « white cube » contemporain qui commence à être quelque peu galvaudé, dans une période où la dévolution, la violence et la peur mettent la pression sur les peuples et leur ôtent la possibilité de vivre ensemble dans l’espace public. Cette manifestation d’un nouveau genre pour notre région est un pari à de multiples niveaux… Comment officialiser le Street Art sans lui enlever son côté libertaire ? L’Art peut-il ou doit-il intervenir dans la réalité, dans la Rue ? A-t-il un rôle à jouer dans notre société désormais gérée par la « distance », où le contact passe par un écran connecté, faisant ressembler nos vies aux prédictions d’auteurs de romans d’anticipation comme Philippe K.Dick, George Orwell, Aldous Huxley ou plus près de nous, Alain Damasio ? Cette forme artistique qui passe souvent par le collaboratif n’est-elle pas un espoir pour raviver le vivre ensemble dans ces villes gigantesques, où l’humain n’existe qu’en passant par le net, et où de, plus en plus, on favorise le lien informatique au détriment du lien social ?

Retrouvez ci-dessous les temps forts du festival : concerts, expositions et rencontres. Coul’heures d’Automne sera aussi une autre manière de profiter de la Toussaint : pour visiter Antibes grâce au circuit urbain d’expositions et offrir au jeune public l’occasion de découvrir des créateurs qui leur montreront comment un nouveau vivre ensemble est en train de naître.

TEMPS FORTS DU FESTIVAL
16 oct : Lancement du Festival au sChOOL Club (Concert) avec Kacem Wapalek.
– 25 oct : Fin de peinture du bloc de transformation Enedis situé chemin des Terriers (face à La sChOOL) par Zoer.
– 25 oct : Fin de réalisation de l’oeuvre gravée sur porte en bois au 22 rue Paul Bourgarel par Olivia Paroldi.
– 25 oct : Fin de peinture du mur situé au dessus du magasin Utile, rue Lacan, par Wanjah.
– 28 oct : Fin de peinture du mur passage Genty par Ardif.
– 29 oct ; Fin de peinture du mur de la voie « Bus Tram » rue des Trois Moulins par l’artiste Astro
– 29 oct : Projection du film documentaire C’est Assez bien d’Etre Fou à La sChOOL et rencontre avec le réalisateur Antoine Page + exposition des lièvres de l’artiste Zoo Project.
– 30 oct : Fin de peinture de la zone rond point des Chataigners par Zdey.
– 31 oct : Soirée de clôture du Festival à La sChOOL (concert) + présentation de la nouvelle exposition sur place Ici des artistes ont fait le mur… 
Durant la quinzaine du festival, 14 artistes interviendront de 14h à 18h, du lundi au vendredi, sur les Coul’Box installées au Port Vauban, Place des Martyrs de la Résistance et Pinède de Juan les Pins.

Programme complet sur : antibes-juanlespins.com & facebook.com/LasChOOLAntibes