[INTERDIT] Femmes, femmes, femmes !

[INTERDIT] Femmes, femmes, femmes !

Malgré  » l’interdiction  » faite aux lieux culturels de rouvrir (à nouveau) leurs portes ce 7 janvier 2021, et pour marquer (à nouveau) notre mécontentement, nous avons décidé de publier (à nouveau) les articles concernant les événements qui n’auront pas lieu, en apposant cette mention [INTERDIT] dans le titre. Nous n’avons plus envie de simplement nous adapter et de taire les efforts engagés par des centaines d’artistes, de programmateurs, de producteurs, de salariés du secteur culturel pour cette reprise. Leur travail est fait, le nôtre aussi… Pour rien !

Les lieux communs sur la nature des femmes allaient bon train au 18e siècle, dit siècle des Lumières. L’Ensemble Baroque de Nice propose le 15 janvier un programme réjouissant qui voit la confrontation en musique de deux compositeurs aux avis bien départagés sur la question. Le beau timbre du baryton basse Philippe Cantor l’incarnera en voix seule, tout à tour poétique, recueilli, enlevé.

Au 18e siècle, même si la société chrétienne européenne a quelque peu évolué depuis le Moyen-Age, il est des mythes qui perdurent. Ainsi en est-il de celui de la femme sur lequel repose l’essentiel du comportement des hommes: la femme est le symbole du malheur du genre humain…. En effet, n’est-ce pas Eve qui, dans la mythologie judéo-chrétienne, incita Adam à manger le fruit interdit ?

Dans sa cantate Les Femmes publiée en 1708, André Campra, alors figure majeure de la musique française, décrit la souffrance causée par l’amour, dresse la liste des caractéristiques peu séduisantes du sexe féminin et évoque le réconfort que le poète trouve dans la beauté de la nature, ce qui l’amène à renoncer pour toujours au sexe féminin. « La coquette nous trahit, La prude nous désespère, Et la jalouse en colère, Irrite qui la chérit… » Charmant !

En réponse, le Néerlandais Quirinus van Blankenburg écrit, en 1715, L’Apologie des femmes. Il y développe un discours opposé, reprenant en positif la liste des traits de caractère dénigrés par Campra ; et de conclure que les excès de l’amour sont de loin préférables à la mélancolie et à l’indifférence. « La Jalouse a le cœur tendre, La Prude agit par ressort, La Coquette aime à se rendre, La Savante a l’esprit fort… »

15 jan 19h30, Église du Voeu – Saint-Jean-Baptiste, Nice. Rens: ensemblebaroquedenice.com