Ce que nous avons perdu dans le feu

Ce que nous avons perdu dans le feu

Invitée à Nice par la Villa Arson, l’artiste Lola Gonzàlez présente l’exposition Ce que nous avons perdu dans le feu, dont le titre lui a été soufflé par le recueil éponyme de nouvelles de Mariana Enriquez, pour qui les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on imagine…

« Il y a lyrisme dès qu’il y a circulation. Rien de plus lyrique que le sang » écrivait Georges Perros dans son ouvrage Papiers Collés. L’œuvre littéraire comme artistique a une valeur fédératrice, communautaire, aussi vitale que le sang qui circule en nous, et surtout entre nous. C’est la ligne directrice du projet Ce que nous avons perdu dans le feu, de l’artiste contemporaine Lola Gonzàlez, invitée à la Villa Arson par son directeur Eric Mangion. Une exposition conçue comme une expérience collective, réunissant des artistes aux horizons antagonistes : Abdelkader Benchamma, Émilie Brout & Maxime Marion, Corentin Canesson, Lola Gonzàlez, Zoe Heselton, Emma Lauro et Thomas Teurlai. Leur point commun ? Le projet vidéo Tonnerres, centré sur les dégâts de la tempête Alex à l’autonome 2020.

Le paysage est central dans l’œuvre de Lola Gonzàlez, il relate les frustrations d’une époque et recèle une puissance que l’on ne peut négliger. En effet, il nous confronte directement au réchauffement climatique qui grignote progressivement les ressources terrestres : les paysages nous communiquent l’appel à l’aide criant de la nature. Sauver la planète est une mission ambitieuse et vertigineuse, c’est pourquoi nous devons nous y prendre à plusieurs ; et c’est l’autre volet de l’œuvre de Lola Gonzàlez : la communauté. Elle met en lumière notre rencontre avec chacun et la construction d’espaces communs de réflexion qui en découle. Dans un monde où le rapport à autrui est plus hostile que jamais, entre distanciation et méfiance, Tonnerres se fait récit commun, confrérie artistique. Il se dessine une urgence par les rythmes des mouvements des corps, des paysages et des vallées dévastés.

L’exposition espère susciter une attention et une conscience accrues de la situation climatique, du paysage politique en péril et des inégalités qui se multiplient. Elle « n’enferme rien ni personne », pour citer Lola Gonzàlez, qui a pris soin de proposer poésie, vidéo, son, dessin, sculpture et installation entre les murs et les jardins de la Villa Arson. Des cartes postales sont distribuées à l’entrée : un cadeau, un souvenir que l’on peut conserver ou expédier. C’est un retour à l’essence manuscrite, à un contact plus humain que les réseaux sociaux, ces lieux qui ne font qu’enténébrer le lien social. Alors, tentons de retrouver Ce que nous avons perdu dans le feu, jusqu’au 17 avril 2022…

Jusqu’au 17 avr, Villa Arson, Nice. Rens: villa-arson.fr

(photo : Tonnerres – 14 minutes, 2021 Vidéo couleur HD, stéréo. Production Villa Arson. © Lola Gonzàlez et la galerie Marcelle Alix, Paris)