Alfred Courmes, l’inclassable

Alfred Courmes, l’inclassable

Tout l’été, la Ville du Lavandou met à l’honneur l’artiste Alfred Courmes, en exposant une vingtaine d’œuvres à la Villa Théo, avec l’aimable complicité de Thierry Courmes de la Galerie Loevenbruck et de quelques collectionneurs.

Longtemps incompris, surtout à l’époque de la toute-puissance de l’abstraction, le peintre du XXe siècle Alfred Courmes, séduisant provocateur et modeste excentrique, que Gaston Chaissac définissait comme «ce Méridional trempé dans un bain d’air nordique», ne s’est jamais départi de son humour ni de sa poésie. Né à Bormes en 1898 dans un milieu bourgeois, Alfred Courmes – aujourd’hui reconnu par le «milieu» de l’art – était, pour la petite histoire, le peintre préféré de Coluche qui, sa vie durant, ne s’est attaché qu’à un seul tableau : Le radeau de la méduse, une estampe à l’eau forte de Courmes.

Doté d’une santé fragile, Alfred se retrouve alité dans un sanatorium en Auvergne en 1919, où il rencontre le peintre sculpteur Roger de la Fresnaye qui lui enseigne dessin et peinture à la manière cubiste. Après ses années de jeunesse au Lavandou, l’enfant du pays séjourne de 1927 à 1929 à Ostende où il se marie et découvre les peintres flamands. Puis il s’installe définitivement à Paris où il développe une peinture très originale «fringante et bizarre» à contre-courant des modes, actualisant la mythologie et les textes religieux et poussant l’humour jusqu’au cynisme.

Comme il se plait à braver les tabous et les croyances, Courmes est méprisé des milieux bien-pensants. En 1936, il reçoit cependant le prix Paul-Guillaume, puis deux commandes de l’État dont la décoration de la salle à manger de l’Ambassade de France, à Ottawa (Canada). Aujourd’hui, la valeur du peintre est enfin admise et le milieu de l’art lui accorde désormais un rôle essentiel de précurseur du Pop Art, de la figuration narrative et loue son appropriation de l’imagerie publicitaire. Il est bien loin le temps où l’artiste, qualifié «d’ange du mauvais goût» ou «de sarcasme vivant» était un mal aimé.

Le vernissage de l’exposition qui lui est consacrée aura lieu le 9 juillet à 11h.

9 juil au 10 sep, Villa Théo, Le Lavandou. Rens : villa-theo.fr

photo : Couple à la bicyclette, 1924, 41×32 cm, HSP, collection particulière © Raphaël Dupouy – ADAGP-Paris 2022