Exodes, un parcours artistique percutant

Exodes, un parcours artistique percutant

Saint-Raphaël s’apprête à accueillir un événement culturel majeur, du 1er juillet au 30 septembre : un des plus grands parcours d’art contemporain d’Europe investira 8 lieux emblématiques de la Ville, autour du thème des Exodes.

La Ville de Saint Raphaël, qui organise déjà des Conférences du 18h59 de haut niveau, souhaitait organiser une exposition du même rang pour «enrichir cette palette, avec de grandes expositions d’art contemporain, en accueillant des artistes de renommée internationale qui seront exposés dans toute la ville, cet été», explique le maire, Frédéric Masquelier. Simone Dibo-Cohen, présidente de l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne (UMAM), créée en 1946 par Henri Matisse et Pierre Bonnard, cherchait depuis longtemps à pouvoir organiser une exposition sur ce thème sensible de la migration. C’est presque un hasard qu’ils aient pu se rencontrer et donner jour à cette grande exposition ExodeS qui réunit 85 artistes du bassin méditerranéen et de la scène artistique internationale, émergents ou confirmés, qui font le sel de notre époque, chacun de ces artistes nous ramenant à une réflexion sur notre propre histoire et sur celle de nos congénères, proches et plus lointains, sur leur longue errance humaine…

Simone Dibo-Cohen, qui s’est chargée du commissariat, a choisi d’investir divers sites de la ville transformés en galerie pour l’occasion, mais aussi ses extérieurs jusqu’au rivage méditerranéen. Une manière de redécouvrir autrement cette ville méditerranéenne et les cultures qui la composent. Parmi les 85 créateurs invités, Gérard Taride a retenu notre attention. Celui-ci a créé une installation poignante sur «l’épisode» des enfants perdus lors de l’exode de la «zone occupée» vers la zone «libre», durant la 2e Guerre Mondiale… La Croix-Rouge française estime à 90 000 le nombre d’enfants qui ont perdu leur famille lors des bombardements de cohortes de réfugiés en 1940… Cet appel à notre mémoire nous remémore un peu le grand Christian Boltanski. Pour ce faire, l’artiste s’est approprié un lieu étrange, un ancien night-club, La Réserve, qui ressemble à un bunker en bord de mer et dont la sortie passant sous la route débouche sur la mer. Une impression de mémorial se dégage du lieu clos où vous retrouverez des photos et des traces de ces enfants ainsi qu’un amas de peluches toutes peintes en noir comme un autel votif déclenchant chez le visiteur, un élan de recueillement.
Ce n’est qu’une des œuvres – on pourrait également citer les exceptionnelles photos de Gérard Rancinan, le célèbre portrait l’Afghane aux yeux verts de Steve McCurry, l’installation Road to exil de Barthélémy Toguo, ou celle de Marc Petit, La quarantaine… – que propose de découvrir Simone Dibo-Cohen qui, on peut le dire, ose l’humanité, ose dire « jamais plus » avec cette exposition !

Dans cette période où la guerre en Ukraine semble avoir enfin insufflé un sentiment de solidarité nécessaire à l’accueil des réfugiés qui subissent une guerre injuste menée par un fou, n’oublions pas toutes les autres victimes. Celles que le monde occidental repousse alors qu’elles aussi subissent le même sort, ce à quoi l’on peut malheureusement ajouter l’aggravation de la hausse des températures due au développement des activités nécessaires à une société en train de se tirer un balle dans le pied. La Méditerranée est devenue la plus grande fausse commune de l’Histoire… Que cette exposition bienveillante permette à chacun de se rappeler que la guerre et la cupidité s’attaquent toujours aux plus faibles et que notre humanité vaut tellement mieux que ça.

1er juil au 30 sep, Ville de Saint-Raphaël. Rens : ville-saintraphael.fr

photo : Installation de Gérard Taride à La Réserve © DR

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