L’Espace A VENDRE en toute intimité

L’Espace A VENDRE en toute intimité

L’Espace A VENDRE revient avec deux nouvelles expositions : celle d’un jeune artiste, Omar Rodriguez-Sanmartín, qui nous invite dans une Méditerranée chimérique ; et celle de Caroline Bac, qui fait un panorama sur l’histoire de la photo à travers celle de sa famille.

Artiste résident à La Station depuis 6 ans, Omar Rodriguez-Sanmartín travaille à partir d’objets qui se greffent, s’accouplent et se combinent pour former des agencements insolites, des configurations inédites, mais finalement très familières. Un processus de « chimérisation » se met en place au moment du travail d’atelier, pendant la dissection puis l’assemblage de ces formes, qui deviennent comme potentiellement vivantes. Frappant sont ces outils qui semblent tout droit venir du film de David Cronenberg, Faux-Semblants, où deux chirurgiens fous utilisent des outils pour opérer… ou plutôt torturer. Il y aussi cette référence à la Méditerranée qui prend des formes assez étranges ou drôles : de cette mer chère à son cœur, il en a tiré une peau de murène qu’il a tendue élégamment et transformée en cerf-volant, léger, irréel… Avec cette exposition intitulée Tirititrán, Omar Rodriguez-Sanmartín joue aussi, avec le côté fauve, et donc paradoxal de la peau de ce poisson. Il a aussi accroché un tapis, base de tout salon arabe. Omar joue avec cette référence, ce cliché, en collant des télécommandes sur certains motifs qui se confondent avec le tapis. Et ne parlons pas de ces échelles miniatures qui semblent ramper comme des chenilles, d’où le titre de l’installation : les échelles processionnaires… Vraiment, cette exposition, par sa finesse, son respect des codes de l’art contemporain, accroche le visiteur par son second degré, sa poésie et ses détournements, qui toujours s’amusent de la réalité et surtout de la nature… 

Caroline Bach, pour sa part, rend hommage à la photographie en faisant un pas de côté par rapport à son propre travail. Avec Pierre, Jean & Caroline, elle illustre l’histoire de la photo au travers des clichés de son père, Jean, et de son arrière grand-père, Pierre. Alors que son travail est habituellement plutôt aride, plein de rigueur : comme ses photos de la reconstruction de la Cathédrale de Dresde qu’elle fit tous les ans pendant une décennie, où elle est allée capturer les coopératives, ce petit monde du travail qui peine… Son arrière grand-père organisa un des premiers clubs photo : il amenait la « chambre » à la montagne et prenait le pique-nique en photo. La « bienséance à l’américaine » avec le sourire cheese n’est pas encore de mise à cette époque. Ils semblent faire la tête, simplement, car à cette époque les gens n’ont pas encore la notion de l’importance de leur image, ils ne voient jamais les tirages finaux. L’exposition traverse les époques, joue avec les procédés photographiques (plaques en verre, diapositives 24×36, négatifs 4×5) et multiplie les supports : tirages sur papier photographique ou sur papier adhésif, contre-collages ou encadrements, projection en direct sur le mur… « Elle raconte avant tout notre plaisir, à tous les trois, à vivre avec la photographie« , conclu l’artiste.

Jusqu’au 3 juin, Espace A VENDRE, Nice. Rens: espace-avendre.com
photo: vue de l’exposition Omar Rodriguez-Sanmartin Sans titre, 2015, tapis, télécommande © Espace à Vendre