20 Nov Guide de survie culturelle au Pays des Paradoxes…
…en temps de crise sanitaire, devrais-je ajouter ! Les plateformes Cultivez-vous à Nice et Cannes Culture on Air, la 7e scène du Théâtre Liberté, les Zoom sur… du TNN, la websérie du Carré Ste Maxime, les concerts de Tandem ou de l’Opéra de Toulon… On vous propose aujourd’hui un florilège d’initiatives imaginées durant ce 2e confinement par les acteurs culturels de notre région et destinées à faire exister le spectacle vivant sur le web. Histoire de s’occuper l’esprit en attendant de pouvoir se retrouver physiquement les salles et autres musées, et de ne pas oublier que c’est bien la Culture qui nous rassemble et crée du lien.
Lancée au Printemps dernier par la ville de Nice, lors du 1er confinement, la plateforme CULTIVEZ-VOUS.NICE.FR présente des captations de spectacles, des visites d’expositions, des tutos d’activités artistiques à faire en famille… bref, toute une offre de contenus culturels. L’idée ce coup-ci est de rassembler tout cela autour d’une thématique hebdomadaire : la première s’intitule Un pharaon à l’Opéra de Nice.
Début novembre aurait dû en effet se produire devant le public azuréen le mythique opéra de Philip Glass : Akhnaten. Confinement oblige, les gens sont restés chez eux, mais pas les artistes ! Donné devant une salle vide, ce chef-d’oeuvre du maître du minimalisme sera disponible au visionnage sur la plateforme niçoise et sur le site de l’Opéra de Nice, ce vendredi 20 novembre dès 16h. Voici ce que nous écrivions au sujet de cet opéra en 3 actes dans notre dernier numéro : « La musique de Glass appartient à l’école minimaliste. Toutefois le langage mélodique extrêmement varié du compositeur confère à la partition une grande théâtralité. Par ailleurs, l’absence de violon donne à l’orchestre des couleurs sombres en harmonie avec le sujet. À la direction musicale de l’Orchestre Philharlmonique de Nice, le public retrouvera Léo Warynski, spécialiste de la musique contemporaine, et Lucinda Childs à la mise en scène et chorégraphie, elle-même associée à la mouvance artistique minimaliste (en 1976, elle avait d’ailleurs participé à la légendaire production d’Einstein on the Beach à Avignon). Le rôle-titre du pharaon est interprété par le contre-ténor Fabrice di Falco, sa femme Nefertiti par la mezzo Julie Robard-Gendre, alors que Dísella Làrusdóttir incarne la Reine Tye… » Une capsule vidéo d’une interview de Lucinda Childs, metteuse en scène et chorégraphe d’Akhnaten, réalisée par des étudiants de l’école International School Nice, sera par ailleurs disponible.
À quelques encablures de là, la ville de Cannes relance également son label CANNES CULTURE ON AIR. Sur le site officiel de la ville et sur la page Facebook Cannes Culture, le public pourra partager en famille (ou entre amis, mais chacun chez soi !) des lives, des vidéos, des rencontres, des animations… Temps fort, dès ce vendredi 20 novembre, avec les Rencontres littéraires de Cannes qui se voient intégralement digitalisées !
Ce rendez-vous, qui s’inscrit dans le cadre plus large des Rencontres de Cannes (cinéma, débats, artistiques et donc littéraires), réunira quatre auteurs — Leïla Slimani, Shumona Sinha, Dalie Farah, Atiq Rahimi — et deux éditeurs — Frédéric Boyer (P.O.L.) et Jean-Marie Laclavetine (Gallimard). Les auteurs parleront de leurs derniers ouvrages et de l’écriture avec leur éditeur, tandis que des extraits de leurs livres seront lus par les comédiens de l’École régionale d’acteur de Cannes Marseille (ERACM). Le tout sera intégralement diffusé sur le site de la ville et sa page Facebook, ce vendredi 20 novembre à partir de 18h et samedi 21 novembre à partir de 14h30.
L’ensemble des établissements de la ville se mobilisent donc pour faire vivre la Culture sur le web : vous pourrez assister à la Master class des Rencontres cinématographiques de Cannes proposée par Cannes Cinéma le mardi 25 novembre ; participer à la manifestation internationale, Slow Art Day, avec la présentation de l’oeuvre L’amante blessée, le samedi 28 ; reconstituer deux paysages aquatiques cannois en puzzle, en lien avec l’exposition temporaire Cannes au fil de l’eau, grâce aux archives municipales ; ou encore revivre en vidéo la Nuit Européenne des Musées avec le Musée de la Castre qui présente deux œuvres mises en lumière lors de l’exposition Portrait de femmes…
Sur les planches
Si les initiatives émanant des collectivés sont relativement rares en termes de propositions culturelles digitales, de nombreux théâtres et autres salles de spectacles ont imaginé de nombreux formats vidéos pour garder le contact avec leurs publics. Pour la SCÈNE NATIONALE CHÂTEAUVALLON – LIBERTÉ, l’exercice n’est pas nouveau puisqu’elle a lancé il y a quelques années déjà la 7e Scène. Scène virtuelle, aux côtés des trois salles du Liberté et des trois espaces scéniques de Châteauvallon, on y retrouve toute l’année, 24h/24h et 7j/7, l’activité que déploie le théâtre varois autour de sa programmation, comme des entretiens avec les artistes, des courts-métrages, des reportages… « C’est à la fois de l’image et du spectacle vivant. J’ai toujours tenu à ce que ça existe. Non pour remplacer l’art vivant, mais pour le compléter, pour être un autre langage complémentaire« , nous expliquait Charles Berling, directeur de Châteauvallon – Liberté, lors d’une interview à l’issue du 1er confinement.
Dirigée par Vincent Bérenger, la 7e Scène actualise régulièrement ses contenus en ce moment. On peut notamment y (re)voir l’intégralité des tables rondes organisées à l’occasion du Théma #37 Passion Bleue, autour de la méditérrannée et de l’écologie, ou lors du festival du film LGBTQ+ Le Liberté + In&Out, mais aussi des « pilules » sur le thème Une saison suspendue avec les artistes en résidence, à l’image de celle de Lisie Philip et de sa Cie Antipodes qui travaille actuellement sur la création de sa prochaine pièce La fille d’attente.
Antigone, Phèdre, Cyrano, Sylvie… Il y a ceux qui connaissent parfaitement ces personnages incontournables du théâtre, et ceux dont le nom leur dit bien quelque chose, mais qui n’arrivent pas à situer qui se cachent derrière. Eh bien, à l’occasion de ce nouveau confinement, Murielle Mayeztte-Holtz, directrice du THÉÂTRE NATIONAL DE NICE et comédienne, vous fait un topo en 2 minutes chrono et de manière ludique dans les vidéos Zoom sur… à retrouver tous les lundis, mercredis et vendredis sur la chaîne Youtube et la page Facebook du TNN.
Envie de vivre de l’intérieur la création de Chat en poche, pièce de George Feydeau (qui doit être présenté fin décembre si le Gouvernement le permet) ? Le TNN met régulièrement en ligne de courtes vidéos, un Journal des répétitions élaboré avec les comédiens qui présente eux-mêmes leur personnages. Et cerise sur le gâteau, le théâtre a carrément mis en ligne sur sa chaîne Youtube les captations du Jeu de l’amour et du hasard, chef-d’oeuvre de Marivaux mis en scène par Muriel Mayette-Holtz, donné cet été sur la colline du Château à Nice, et de Bande-annonce Goldoni d’Édouard Signolet que le public a pu découvrir début octobre sur la scène du TNN.
Il y a quelques semaines, le THÉÂTRE DE GRASSE lançait un projet innovant et solidaire en soutien aux artistes du territoire grassois touchés par la crise : Par les villages. Le concept : 13 villages = 13 compagnies en résidence (danse, théâtre, musique, cirque ou conte), pendant 4 mois, pour susciter la rencontre entre un patrimoine, des artistes et des habitants. Un dispositif hors cadre, hors les murs, pour imaginer une nouvelle façon de « faire de la Culture » et réinventer des formes artistiques plurielles et collaboratives. Quelques-unes de ces compagnies, privées par la force des choses de ce contact physique avec le public — base du projet —, ont décidé de lancer des défis à ce même public chaque vendredi par l’intermédiaire de vidéos publiées sur les page Facebook du théâtre et des compagnies impliquées.
La semaine dernière, la danseuse Delphine Pouilly de la Cie Reveïda, en résidence à Saint-Vallier, publiait une première vidéo explicative, une sorte de tuto pour ce « défi-danse » sur le thème de la peur. Son objectif : créer avec vos vidéos, au fur et à mesure des semaines et des défis, un »objet poético-artistico-chorégraphique ». Cette semaine, c’est David de la Cie Bakhus, en résidence dans le vieux Grasse, qui présentait à son tour un « défi-reverse » avec une vidéo extrêmement drôle !
Le CARRÉ SAINTE-MAXIME a pour sa part choisi une tout autre forme : la fiction ! Blursday (Jour flou) est une websérie de 12 épisodes d’une minute sur les fantasmes et angoisses d’un confinement, saison 2. L’ épisode #1, intitulé À l’aide ! et tourné dans les couloirs de l’établissement avec sa directrice Valérie Boronat, est sorti le 13 novembre sur la page Facebook et la chaîne Youtube du Carré. Chaque mardi et vendredi, un nouveau volet est publié et met en scène quelqu’un de l’équipe autour… eh bien, d’un fantasme ou d’une angoisse liés au confinement. En attendant, la parution de l’épisode #3 ce vendredi 20 novembre, vous pouvez d’ores et déjà voir le deuxième, Un air de Vacances ?
Ce n’est pas pour tout de suite, mais on peut déjà en toucher quelques mots. Traditionnellement accueilli à L’Entre-Pont à Nice, le festival LES INCLASSABLES organisé par la Cie/TranS/ sera cette année 100% en ligne. Sous-titrée De l’organique au numérique, cette 3e édition se déroulera du 11 au 13 décembre 2020 sur le page Youtube de la compagnie et sur ses réseaux sociaux. « Des objets vidéo-chorégraphiques, issus des oeuvres programmées et immergeant le spectateur au coeur du geste dansé, vont être créés spécialement pour cette édition. Également des interviews mettant le focus sur la singularité de chaque artiste, une master-class en visio-conférence, une table ronde en direct sur les réseaux, tout le programme adapté au contexte« , nous indique la compagnie. Il est possible de soutenir financièrement le festival et les artistes qui y particpent en faisant un don. Le teaser de l’événement est visible ci-dessous.
En live !
Le spectacle vivant ne résumant pas seulement au théâtre et à la danse, de nombreux concerts sont également mis à la disposition du public. l’association TANDEM, Scène de Musiques Actuelles départementale basée à Toulon, a notamment diffusé dimanche 15 novembre, en collaboration avec THÉÂTRES EN DRACÉNIE, le concert de Will Barber capté en direct de chez lui ! Barbe de hipster et guitare Weissenborn sur les genoux, celui qui fût repéré dans l’émission The Voice, aurait dû se produire sur la scène dracenoise au début du mois. Cette Home Live Session, où transpirent ses inspirations (le blues de Ben Harper et le rock des Pink Floyd), est toujours visible sur la page Facebook de Tandem.
Ce vendredi 20 novembre à 18h, c’est en collaboration avec LE PÔLE, que Tandem proposera un nouveau live Facebook, celui de Nicolas Folmer. Le trompettiste jazz est actuellement en résidence sur la scène du Pôle, au Resvest-les-Eaux. Accompagné de ses compères Laurent Coulondre (piano & claviers), Lucas Saint-Cricq (sax & machines), Olivier Louvel (guitares), Philippe Bussonnet (basse), Stéphane Huchard (batterie), Nicolas Folmer travaille sur son prochain projet en collaboration avec la plasticienne Ming Jung-Yeon. Le live sera suivi d’une interview de l’artiste. Toujours disponible sur la page FB du Pôle : le live donné le 4 novembre dernier par le Guingette Hot Club, collectif toulonnais de chanson française qui était aussi en résidence au début du mois.
Non loin de là, à Correns, LE CHANTIER, centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musique du monde, poursuit son oeuvre… Si les rendez-vous publics de novembre, dans la cadre du festival Les Printemps du Monde (une première fois reporté à l’issue du 1er confinement !) sont annulés, Le Chantier accueille tout de même en résidence « le caméléon du maloya », René Lacaille. Monument de la musique réunionnaise, acteur de la transition entre sonorités rurales et musiques urbaines au début des années 70 et du renouveau esthétique du cru (sur les registres sega-jazz, maloya électrique, pop), il proposera un concert diffusé en direct, le vendredi 27 novembre à 21h, sur la page Facebook et la chaîne Youtube du Chantier.
Du côté de Cannes, la MJC PICAUD propose quant à elle une véritable programmation en ligne. Deux sortes de rendez-vous : des concerts lors des #LiveStream, tous les samedis soirs à 21h sur la page FaceBook Picaud Mjc – Musique Actuelle, et les #RDVàPicaud, sortes d’apéros-visios culturels, tous les jeudis de 18h à 19h, sur la page FaceBook Picaud Mjc ! Voici le programme complet ci-dessous, il y en a pour tous les goûts. Rassurez-vous, l’ensemble des diffusions restent visibles, si par hasard vous n’étiez pas dispo à l’heure H…
Terminons cette « revue d’effectif » avec un peu de musique classique ! On a beau porter la queue de pie et jouer une musique codifiée depuis des siècles, ça n’empêche pas les orchestres et opéras de la région de faire prevue d’une modernité exemplaire, comme vous avez pu le lire un peu plus haut avec la maison niçoise qui diffuse dès ce soir le chef d’oeuvre de Philip Glass, Akhnaten… L’OPÉRA DE TOULON lui emboite le pas en maintenant une partie de sa programmation par la voie numérique. Deux concerts au Foyer Campra et un concert symphonique sur la grande scène seront prochainement captés et mis en ligne sur son site Internet, sa page Facebook et sa chaîne YouTube. Rendez-vous donc dès le samedi 21 novembre pour un récital Bellini, Puccini, Verdi, Lehár… avec les artistes du Chœur de l’Opéra de Toulon ; le samedi 28 novembre pour un concert de musique de chambre avec les musiciens de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon, avec au programme La Truite de Schubert ; et le samedi 5 décembre pour le concert symphonique Mozart Un Air de Famille, dirigé par Fuad Ibrahimov, avec la jeune pianiste Marie Vermeulin.
De même, si dans notre article Monaco, la culture… et vous, publié le 18 novembre, nous évoquions le maintien des événements culturels pour les résidants de la Principauté, l’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MONACO a pensé à nous, pauvres Français confinés, en diffusant en direct l’intégralité de ses concerts sur sa chaîne Youtube et sur sont site. Prochains rendez-vous, les samedis 28 et dimanche 29 novembre, avec le jeune Trio Zeliha qui précèdera l’immense pianiste Nicholas Angelich, accompagné de la phalange monégasque dirigée par son chef Kazuki Yamada.
Bien entendu, ce Guide de survie culturelle au Pays des Paradoxes en temps de crise sanitaire est non-exhaustif, tant les institutions et artistes de la région redoublent d’imagination pour pallier le manque criant de Culture en temps de confinement dans un pays qui l’a pourtant érigé en symbole ! Il ne saurait faire oublier que certains musées et galeries proposent des visites virtuelles de leur exposition, ou que de nombreux théâtres et collectivés poursuivent leur travail sur un autre terrain, celui de la transmission culturelle en milieu éducatif, à l’image de ce que peut proposer la Ville de Cannes, Scène 55 à Mougins, Théâtres en Dracénie et bien d’autres… Mais ceci est une autre histoire, et fera l’objet d’un article dédié très prochainement.
Enfin, n’oubliez pas que vos librairies de quartiers n’attendent que vous pour continuer à vivre ! Alors on oublie Amazon, et on se rue sur les click & collect de proximité… Et si c’est juste une question de flemme, relisez notre article Sauvez les librairies, mangez Jeff Bezos !, il vous sera très utile.