05 Juin Les rêves dansants de Magali Revest
Vous pouvez la croiser en train de danser au détour d’une rue, dans une galerie d’art, dans un lieu en friche… Comme beaucoup, Magali Revest a commencé la danse par une base classique, mais très vite, elle a ressenti le besoin d’une expression plus large et d’une recherche du mouvement authentique.
Après ce parcours, incluant un détour chez Rosella Hightower et complété par d’autres formes habituelles que sont le jazz et le contemporain, Magali Revest découvre le théâtre du mouvement auprès de Jacques Lecoq et explore le buto qui lui permet de déconstruire certains codes pour créer de nouveaux espaces de création à travers une danse plus organique. Elle développe aujourd’hui la chorégraphie instantanée dans laquelle elle entre en conversation avec d’autres artistes (peintres, photographes, comédiens…). Pour la danseuse, « parce que chaque performance est unique, elle fait de cette relation à l’instant un moment magique ».
Alors, comment vivre un confinement lorsque l’on est une artiste ouverte sur les autres ? Pour elle, cela a finalement pris la forme d’une pause lui permettant de se livrer à une réflexion profonde sur son art et son rapport à la société à travers la lecture, mais aussi le dessin et l’écriture. Cette parenthèse a éveillé en elle une multitude de questions, aussi bien sur des notions de temps ou de perception du réel qui varie d’un individu à l’autre, que sur la place de chacun dans la société. Ce questionnement a ensuite abouti à l’envie de créer « en accueillant cette nouvelle réalité pour qu’elle devienne une source d’invention réjouissante plutôt que pesante ». Elle imagine ainsi un laboratoire À juste distance permettant de travailler sur les nouvelles contraintes qui autorisent à aller vers le public. Il lui semble important de trouver les gestes bienveillants dans une société de distanciation qui invente un nouveau rapport au corps et masque une partie du visage effaçant ainsi une part de la personnalité. Un contexte qui lui donne également envie de concevoir un Abécédaire des gestes.
Parallèlement, elle a finalisé une série de capsules vidéos intitulées Catch me ! que le spectateur peut saisir au vol comme autant de surprises inattendues. Elle les a créées en se basant sur la notion de relation du corps par rapport au lieu où il se trouve et des sensations qui naissent et viennent nourrir la gestuelle. Pour la 11e de cette série (cf. vidéo ci-dessus), elle redécouvre l’extérieur pour « retrouver les espaces afin de se les réapproprier, alors qu’ils n’ont pas été nourris de vie pendant un certain temps. » Sa danse est instinctive : elle saisit des moments sensibles et fugitifs qui passent et lui donnent envie de s’exprimer par le corps.
Son nom semble presque prédestiné, car Magali Revest est aussi une rêveuse. « On ne peut pas enlever les rêves : rêver, c’est la liberté ». Dans ses spectacles, elle ne souhaite pas imposer une lecture unique. De façon plus générale, elle considère que le contrat social, qui vise à se préoccuper de l’ensemble des individus, a été rompu provoquant peurs et frustrations. Le rêve et l’imaginaire permettent de lutter contre cela. « Le réel peut devenir poétique. Tout peut raconter une histoire dès lors que l’on fait appel au regard, au sensible. » Le monde de l’art doit réfléchir à la manière de transformer la société. « Il faut rêver, imaginer, s’autoriser à combattre le jugement qui conduit à une pensée pré-formatée ! »
Pour plonger dans l’univers de Magali Revest en vidéo, c’est par là !