Terrasse on Air

Terrasse on Air

C’est sous cette dénomination que la ville de Cannes a réuni 14 spectacles qui alimenteront l’été azuréen. 14 spectacles de qualité, programmés dans l’urgence de la crise du Covid, et proposés sur le toit-terrasse du Palais des Festivals de Cannes, en plus des innombrables animations et expositions qui jalonneront l’été cannois.

Il s’en est fallu de peu pour que notre été soit bien morne en 2020 ! Qui aurait cru il y a encore deux mois que nous pourrions à nouveau nous réunir physiquement pour célébrer la culture et les arts ? Il y en aura toujours quelques-uns pour nous dire qu’ils le savaient. Qu’ils savaient bien que cette épidémie s’éteindrait aussi vite qu’elle est apparue… Sauf qu’elle n’a pas encore disparu, et il convient de rester vigilant jusqu’au bout.

C’est dans cet état d’esprit que la Ville de Cannes et le Palais des Festivals ont mis en commun leurs savoir-faire pour proposer sous la même bannière, intitulée Sous le soleil différemment, une programmation de spectacles, expositions et autres animations. Il y en aura pour tout le monde et pour toutes les bourses, puisque hormis les soirées Terrasse on air, tout est gratuit ! Cannois et visiteurs pourront ainsi profiter du spectacle offert par le mapping Cannes en lumières sur les façades du Palais des Festivals et de l’Église Notre-Dame d’Espérance au Suquet dès la tombée de la nuit, se faire quelques toiles lors des projections plein air du 13e festival Ciné-Quartier, ou encore sillonner les échoppes des marchés nocturnes

Comme son nom l’indique, les spectacles proposés dans Terrasse on Air se dérouleront exclusivement en plein air, sur le toit-terrasse du Palais des Festivals. Rassembler l’intégralité des dates programmées sur le même site permet de garantir le maximum de sécurité sanitaire aux artistes, techniciens et spectateurs qui se donneront rendez-vous du 16 juillet au 22 août.

Fidèle aux promoteurs artistiques cannois, la programmation de ce Terrasse on Air donnera carte blanche aux festivals Nuits Musicales du Suquet, Jazz à Domergue, Plages Electroniques, Performance d’Acteur, qui ont vu leurs programmations bousculées, voire annulées, et aux partenaires culturels cannois tels que le Pôle National Supérieur de Danse Rosella Hightower, l’École Régionale d’Acteurs de Cannes-Marseille, Break The Floor et l’Orchestre de Cannes.

Côté musique

Créées en 1975, à l’initiative du pianiste Gabriel Tacchino, les Nuits Musicales du Suquet se déroulent chaque année sur le parvis de l’église Notre-Dame-de-l’Espérance qui domine la baie de Cannes, bien campée sur ses fondations dans la vieille ville. Ce doit être la première fois en 45 ans que l’événement ne se tiendra pas… Un crève-coeur pour tous les passionnés de musique classique et de belles pierres. Si pour les belles pierres, il faut se donner rendez-vous l’an prochain (si tout va bien !), les passionnés de musique peuvent se consoler, puisque 3 concerts sont programmés sur le toit-terrasse du Palais. Et qui de mieux que Jean-François Zygel pour inaugurer ces soirées classiques « improvisées » ? Le pianiste virtuose, pédagogue, et animateur TV/radio à ses heures, fera jouer son expertise de l’impro et son sens de l’humour légendaire, le 18 juillet, lors d’un concert dédié au grand romantique Beethoven, dont nous célébrons le 250e anniversaire de la naissance.
Deux jours plus tard, et toujours en solo : Dimitri Naïditch. On pourrait s’arrêter à ce seul nom que les férus de grande musique se jetteraient sur la billetterie, tels des actionnaires sur leurs dividendes avant un plan social ! Pur talent de l’école russe, ce musicien talentueux est ambidextre. Peut-être est-ce cette ambivalence qui l’a poussé à s’essayer au jazz. Avec succès, forcément… Le 20 juillet, il mariera ces deux musiques pour une performance originale de Classique en jazz.
Musique classique, Cannes, Palais… La « bande à Levy », Benjamin de son prénom, ne pouvait forcément pas être très loin. L’Orchestre de Cannes et son directeur clôtureront ces sessions classiques avec un programme dédié à l’amour. Prélude à l’après-midi d’un Faune de Debussy, Divertissement pour orchestre de chambre d’Ibert, L’Amour Sorcier de Manuel de Falla, la phalange cannoise sera In the mood for love ce 22 juillet.

Autre festival historique cannois annulé, Jazz à Domergue qui se tient chaque année dans les classieux jardins de la Villa Domergue et a vu passer les plus grands artistes de la planète jazz. Là encore, direction le Palais et sa terrasse avec vue sur mer, et là encore, trois concerts au programme, du 10 au 13 août. La voix envoûtante d’Elina Duni, l’irrésistible chant de la trompette de David Enhco et l’étreinte raffinée du jeu de Marc Perrenoud au piano… Voilà les mots employés par la ville pour présenter cette soirée. Eh bien, figurez-vous qu’ils n’ont pas tort ! Accompagné par 2 sidemen talentueux (Florent Nisse, contrebasse, et Fred Pasqua, batterie), le quintet proposera quelque chose qui devrait sans doute côtoyer le sublime.
À l’image de ce que proposera Dimitri Naïditch, Mathias Lévy unira quant à lui son violon au jazz, aux musique du monde et à la musique classique, dans une débauche solaire et poétique, avant que ne déboule un trio assez audacieux…
Le pianiste Yaron Herman, le saxophoniste Emile Parisien et le batteur Mario Costa, trois musiciens parmi les plus intéressants de la nouvelle scène jazz européenne. Au programme : une fusion totale entre jazz, tango, classique, pop, musiques du monde ou électro…*

L’électro justement fera une incursion dans ce programme estival avec un streaming live proposé par Les Plages Electroniques, le 8 août. Pas de public ici, mais 3h de musique en direct de la terrasse du Palais, avec Nico De Andrea et Dorian Craft, retransmis sur les réseaux sociaux. Il faut avouer que mettre plusieurs centaines de personnes déchaînées dans un espace aussi réduit n’aurait pas été très Covid-compatible…

Côté… tout le reste

Dans le cas du festival Performance d’Acteurs, pas de problème en revanche ! Vous avez déjà assisté à un one man show debout et sous psychotropes ? Moi non, du moins pas debout… Alors aucune raison de ne pas aller s’assoir pour profiter des représentations proposées par Perf’, qui a vu son édition 2020 totalement bousculée… Le 30 juillet, Alex Jaffray, chroniqueur musical de Télématin, proposera Le Son d’Alex. Il paraît qu’on ressort de son spectacle plus intelligent, plus beau, et avec de quoi devenir riche, puisqu’il nous donne la recette pour écrire le tube de l’été prochain ! Les plus crédules se presseront au guichet, les autres iront juste passer un bon moment… Car s’il avait la recette, croyez-vous qu’il se produirait sur scène ? Non ! Il l’aurait écrit ce méga-tube et se prélasserait dans un yacht en mode « thug life » à boire du champagne au petit déjeuner…
Un autre Alex, Le Rossignol de son patronyme, lui succèdera le 4 août. Avec un nom comme ça, le type a dû prendre ! Et c’est le cas ! C’est ce genre de mec qui subit la vie, mais qui s’en sort toujours… Forcément drôle à entendre.

On reste dans le théâtre, avec une carte blanche à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes – Marseille, le 25 juillet. Sept élèves comédiens (Maxime Christian, Ioachim Dabija, Basile Duchmann, Mélina Fromont, Marie Razafindrakoto, Lola Roy et Quentin Wasner-Launois) proposeront une lecture musicale de l’oeuvre de Fabrice Melquiot, Semer le trouble. Sept solitudes qui parlent au présent, sept personnages dont l’auteur français fait entendre la voix intérieure, colorée par une chanson fétiche qui les esquisse…

Artistes en herbe toujours, mais côté danse ce coup-ci. Les élèves du Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower, accompagnés « d’anciens », proposeront un programme composé de solos et variations du répertoire classique et d’extraits de créations contemporaines (Émilie Lalande, Emanuel Gat, David Bombana, Francesco Curci…), le 16 juillet.

On sera bien loin, dans la temporalité comme dans l’esthétique, lors de cette soirée du 19 août où le festival Break The Floor Summer invitera l’élite de la danse hip-hop internationale à se défier lors de battles en « un contre un ». Ça va frimer sévère ! En même temps, il y a de quoi…

Avec lui, la danse n’est jamais loin non plus. Juan Carmona, l’un des plus grands guitaristes flamenco actuels, habitué de la scène cannoise, organise régulièrement ses fameuses Nuits Flamenca, notamment à Aubagne et Châteauvallon. Le 1er août à Cannes, point de corps à corps sensuels — Covid oblige —, mais un concert en quartet sur les chemins aériens du duende.

On bouclera cette saison estivale On air, avec un concert de Cali, dans une formation piano/voix. On a du mal à imaginer le bonhomme dans cette configuration, lui que l’on sait réputé pour ses prestations scéniques plus qu’énergiques. Et pourtant, ce n’est pas la première fois qu’il revisite son répertoire dans un dépouillement total. Allez jeter une oreille à son live acoustique La vie cowboy, en duo avec Steve Nieve, pianiste du groupe d’Elvis Costello… Ce soir du 22 août, il sera accompagné par Augustin Charnet, son piano, son synthé et quelques bidouillages MAO que l’on imagine du plus bel effet.

16 au 22 juil, Terrasse du Palais des Festivals, Cannes. Rens : cannes.com & palaisdesfestivals.com