21 Oct Sagas cités
Sans divulgâcher le futur site internet de La Strada, levons un coin de l’écran. Sous peu, les séries feront leur grande apparition aux côtés des rubriques culturelles habituelles. Voici donc un article « pilote » pour hameçonner votre curiosité. Le sujet étant aussi vaste que le nombre de prétendants au Trône de fer… et que les séries qui fleurissent elles-mêmes sur les chaînes et les plates-formes…
Saison 1, épisode 1, Celui qui était fan
C’est l’histoire d’une guest qui fait un caméo dans un prequel au moment d’un twist, mais qui finalement jump the shark et se fait spoiler avant le cliffhanger…
Si vous possédez ce vocabulaire, c’est que vous êtes un accro des séries depuis un bon petit moment. C’est que même aux premières notes de « Ta, ta, tatata-ta, tatata » — sur l’air de A song of Ice and fire — vous tressaillez toujours et votre esprit ressasse le générique emblématique de Game Of Thrones. Enfin, GOT, pour l’intime que vous êtes. Et il est à peu près clair que pour vous comme pour beaucoup, cette série phénomène, qu’on l’idolâtre ou pas, a marqué un tournant dans l’histoire récente de la télé et des plates-formes. Et quand on a un serial profil, on ne se contente plus sagement d’attendre le prochain épisode la semaine suivante. Non, on fait du binge-watching ou du binge-viewing ou même du marathon-viewing, soit visionner à la suite les épisodes d’une même série sur une durée indéterminée.
Épisode 2, Celle qui aimait les flash-back
Bien sûr, les séries sont loin d’être un phénomène nouveau. Devenues cultes, des séries comme Le Prisonnier, Chapeau Melon et Bottes de Cuir, ou même Belphégor chez nous en France (si !), ont tenu en haleine les spectateurs des années 60 (épisode 1 ci-dessous, c’est cadeau !).
Qui se souvient aussi de l’émission Samedi est à vous ou La Une est à vous ? Cette première émission interactive de la télé Française, créée par Guy Lux en 1975, permettait aux spectateurs de voter pour leur série préférée. Et elles s’enchaînaient avec bonheur une grande partie de l’après-midi. On y découvrait alors de la production française — Arsène Lupin, Les Chevaliers du Ciel… — comme du britannique — Amicalement Vôtre, Cosmos 1999… —, et de l’américain bien sûr — Mission Impossible, Les Mystères de l’Ouest, Zorro, Au Nom de la Loi, Columbo…
À la même époque, ceux qui, comme nous, avaient la chance de capter TMC (Télé Monte-Carlo), pouvaient engloutir d’autres fictions à épisodes comme Voyage au fond des mers (110 épisodes dans un sous-marin !), ou Les Champions (des agents secrets britanniques dotés de pouvoirs surhumains).
À noter pour les jeunes de ces années-là, l’extraordinaire Thunderbirds ou Les Sentinelles de l’air, à base de marionnettes et d’effets spéciaux.
Épisode 3, Celui qui pouvait choisir son média
Nous étions donc déjà « accros ». Mais avec les nouveaux moyens de diffusion et les nouvelles productions, l’engouement pour les séries s’est furieusement emballé ces dernières années. La vague américaine a tout submergé et le reste de la planète des créatifs a dû apprendre à surfer dessus. Engouement ? On ne se contente plus de les regarder, on veut qu’on nous en parle encore et encore. Des émissions entières et récurrentes sont désormais consacrées sur les grands médias nationaux (voir encadré ci-dessous), et des consultants experts interviennent dans de multiples émissions. Bien entendu, l’abondance des projets et la prodigalité des budgets ne sont pas des gages de qualités. D’où des réussites mitigées, mais aussi des pépites sur plus d’un plan : histoire unique, scénario en béton, mise en scène innovante, grand jeu de grands acteurs…
Côté science, une série est une « suite de nombres, d’expressions, de composés chimiques, etc. qui répondent à une loi ». À quelle loi peut bien répondre la folie des séries ? À plusieurs selon les spécialistes : besoin d’identification, d’évasion, de discussion à partager, de recherche d’une certaine vérité… Le récent confinement les a rendues incontournables, les plates-formes et autres chaînes payantes ayant eu aussi la (bonne) idée de les rendre gratuites pendant une période. Via les séries, cette bonne vieille télévision redore son blason et l’ordinateur n’est plus consacré qu’aux recherches et aux jeux vidéo.
Épisode 4, Celle qui pouvait choisir son pays
Chaque pays donne le ton et certains tirent particulièrement leur épingle du jeu : les pays nordiques par exemple, rois du policier noir — Danemark, Suède, Norvège et même Finlande — et leurs séries donnent parfois lieu à plusieurs remakes, hélas souvent de moindre qualité. C’est le cas pour l’excellente série danoise Forbrydelsen, devenue The Killing dans sa version américaine, ou de la non moins excellente série suédo-danoise, Bron, en suédois, Broen en danois, devenue The Bridge aux USA et The Tunnel dans la version franco-britannique. Il faut souvent préférer l’original !
Les Britanniques, quant à eux, sont passés maîtres dans les séries historiques, fantastiques et… policières aussi : Downton Abbey, Black Mirror, Peaky Blinders, Sherlock Holmes, Broadchurch…. Et les Français ? Envolée la honte, finie la ringardise, quand on regarde Engrenages, Les Revenants, Ainsi Soient-ils, Le Bureau des légendes ou Dix pour Cent. Vous pouvez aussi opter pour des séries « internationales » comme The Team, où l’enquête et la traque s’opèrent dans trois pays différents.
Épisode 5, Celle qui ne savait plus où donner de la tête
Alors que vous soyez plutôt thriller, fan d’Histoire, de science-fiction, de comique ou d’aventures quotidiennes, et quel que soit votre âge et le temps dont vous disposez, l’offre est pléthorique. Telle une créature surnaturelle, quand on lui coupe un bras, dix autres repoussent à sa place !
Le phénomène « serial addiction » s’amplifie encore quand de grands réalisateurs s’y collent — David Lynch et Twin Peaks, Jane Campion et Top of the Lake, avec l’incontournable Elisabeth Moss… — ou quand de grands acteurs de cinéma s’y invitent — comme Al Pacino dans Hunters. Big Little Lies en est un très bon exemple. Co-produit par ses actrices principales, Nicole Kidman et Reese Whiterspoon se sont entourées d’une brochette d’acteurs renommés, et se sont même offert dans la saison 2 une Meryl Streep éprouvante, au sommet de son art.
Côté durée, il y a les séries-fleuves, interminables, le record étant détenu en France par Plus belle la vie avec plus de 4 000 épisodes (!), petit joueur tout de même face au Feux de l’amour et ses presque 12 000 épisodes. De l’autre, les mini séries, coup de poing souvent, en deux parties minimum, anciennement appelé feuilletons.
Les séries sont pour la plupart des œuvres de fiction, basées ou non sur des faits réels, ou sur des œuvres littéraires, qui connaissent ainsi un deuxième souffle. Le français Jean-Xavier de Lestrade a lui ouvert la voie aux séries documentaires juridiques avec son formidable Soupçons (The Staircase), soit une réelle affaire judiciaire filmée pendant près de 15 ans.
Outre le fait que le format de la série permet de fouiller la psychologie des personnages d’installer l’intrigue, de créer moult rebondissements… la série donne aussi le temps d’apprécier le talent d’autres métiers. Les grands compositeurs, entre autres, qui rendent inoubliable un générique. Citons John Barry pour Amicalement Vôtre, Lalo Schifrin pour Mannix, Mission Impossible, Starsky et Hutch, Angelo Badalamenti pour Twin Peaks, Mark Snow pour X-Files, ou encore Max Richter pour The Leftovers.
Une série médiocre, mais que l’on regarde quand même, car elle offre un « plaisir coupable », une série que l’on (re)découvre avec son enfant ou son ado et qui nous scotche — Malcom, Sex Education, Modern Family… Tour à tour, les séries nous émeuvent, nous font rire ou réfléchir, et nous accompagnent.
Elles collent souvent à leur temps, à l’actualité sociétale. Et peuvent participer à certaines avancées. Les femmes, par exemple. Non seulement les séries n’ont pas peur de faire reposer toute l’intrigue sur une femme, comme la danoise et politique Borgen. et même sur une quinqua comme dans l’Américaine et juridique The Good Wife, voir même une sexagénaire comme dans son spin-off The Good Fight (4 saisons déjà).
Mieux, les femmes se distinguent en étant actrices et scénaristes, avec des propositions détonantes, et en raflant des prix bien mérités au passage : Fleabug, Girls, Better Things, Sally4ever…
Saison 2, épisode 1, Ceux qui avaient des coups de cœur
Dans les stars-monuments, rendons hommage à la sensuelle Emma Peel, alias Diana Rigg, récemment disparue, et qui avait fait son come-back dans un rôle fort, et pas n’importe laquelle des séries : Game Of Thrones. Une sorte de trait d’union entre les années 60 et les nôtres.
Voilà, on pourrait dire mille et une choses encore. Mais vous retrouverez donc bientôt sur le site de La Strada des articles sur les coups de cœur de la rédaction par exemple. Je vous tease l’un des miens : River, hélas mini-série, mais avec l’immense Stellan Skarsgård dans le rôle d’un flic fatigué qui parle aux fantômes… To be continued !
LES SÉRIES SAUTENT DE L’ÉCRAN
Côté radio
Xavier Leherpeur anime l’émission Une heure en séries, tous les soirs depuis 2019 sur France inter. Ce journaliste et critique de cinéma s’échappe désormais du non moins culte Le Masque et la Plume. Il a bien flairé le potentiel des séries et décrypte le monde des séries, avec son équipe, dans le même esprit que Le Masque. L’émission est dédiée à l’actualité des séries, à la télévision, en VOD ou diffusées via les plates-formes numériques. Mais les séries cultes anciennes sont aussi mises en avant lors d’éditions spéciales. Du côté d’Europe 1, on peut écouter Sérieland, animée par Eva Roque, chaque mardi et jeudi.
Côté livres
D’excellents livres ont inspiré d’excellentes séries, et un nombre déjà incroyable de livres paraissent sur l’univers des séries ou sur une série en particulier… Par exemple, Nos vies en séries, Les séries une nouvelle école de philosophie, de Sandra Laugier, Climats/Flammarion.
Côté télé
Destination Séries, sur Canal Jimmy, s’est terminée en 2001, mais beaucoup regrettent la qualité de son programme. Le Cercle Série sur Canal+, animée par Augustin Trapenard, a pris le relais avec succès.
Côté documentaires
Le documentaire La saga des feuilletons et séries sur le phénomène français depuis les années 50. À quand la suite sur notre époque ?
Côté presse
Même Les Cahiers du Cinéma ont dû faire une place aux séries dans leurs colonnes, à coup de… hors-série, comme celui consacré à Séries, l’âge d’or. Philosophie magazine a consacré aussi un dossier à Game of Thrones, tout comme Sciences et Vie, Lire…
Côté festivals
On connaissait le festival du court métrage, de la pub… à présent, avec Séries Mania, nous avons un festival international « 100% séries », pendant une semaine à Lille. La prochaine édition devrait avoir lieu du 19 au 27 mars 2021. Du côté de la Croisette, la 3e saison de Canneseries s’est quant à elle tenue du 9 au 14 octobre 2020, alors qu’en région parisienne, le festival Série Séries proposera en 2021 sa 10e édition.
Côté réseaux sociaux
Des pages entières sont consacrées aux séries dans différents groupes, sur des blogs, des sites ou encore sur Facebook comme Serieland.
Côté Récompense
César ? Oscar ? Non Emmys ! Ou Emmy Awards, récompenses décernées par l’Academy of Television Arts and Sciences des États-Unis.