Gare au virus de la « rhinocérite » [ANNULÉ]

Gare au virus de la « rhinocérite » [ANNULÉ]

Il est insidieux, perfide et malfaisant, ce virus du totalitarisme et de l’uniformisation ! En 1959 paraissait Rhinocéros. Son auteur : Eugène Ionesco.

Le dramaturge roumano-français était, avec Samuel Becket, chef de file du théâtre de l’absurde, un théâtre tragicomique peuplé d’anti-héros englués dans un immobilisme désespéré, né dans un monde anéanti par l’horreur de la 2e Guerre Mondiale. Rhinocéros est certes une œuvre anti-nazie, mais c’est surtout une pièce contre les hystéries collectives et les épidémies qui se cachent sous couvert d’idées et de raison. Bienvenue en 2022, serions-nous tentés de dire.

Quelque chose ne va pas… Tous les habitants d’une ville imaginaire sont condamnés par la même épidémie qui les métamorphose en rhinocéros. Métaphore de la montée des totalitarismes et allégorie de la contagion idéologique, la pièce aborde les thèmes de la conformité et de la résistance. Peut-on vraiment rester soi-même sans faire partie d’une communauté quelconque ? « J’ai pensé avoir tout simplement à montrer l’inanité de ces terribles systèmes, ce à quoi ils mènent, comme ils enflamment les gens, les abrutissent, puis les réduisent en esclavage« , déclarait Ionesco face à ses détracteurs. Belle initiative du Théâtre de la Cité, à Nice, que de proposer cette pièce, mise en scène par Christophe Turgie, avec Kevin Pastore, dans cette époque de perturbations intenses ! L’épidémie de rhinocérite n’est-elle pas en train de gagner du terrain ?

4 fév 20h30, théâtre de la Cité, Nice. Rens: theatredelacite.fr
(photo : Rhinocéros © Anne-Sophie Tiezzi)