01 Juin L’homme qui venait du froid
Dernière ligne droite pour la 18e saison Tout l’Art du Cinéma, proposée par l’Institut Audiovisuel de Monaco, avec notamment un ciné-concert autour du film Nanouk L’Esquimau.
La projection du film NB et muet Nanouk L’Esquimau de l’américain Robert Flaherty — considéré comme le premier documentaire de l’histoire du cinéma — avait inspiré en 1997 à Christian Leroy compositeur-pianiste et ciné-concertiste, une musique originale pour piano et clarinettes qu’il rejouera pour la circonstance.
Sorti en 1922, cet étrange objet cinématographique détonant pour les spectateurs à l’époque, qui connut un succès mondial, raconte le quotidien de Nanouk l’inuit et sa famille aux prises avec les conditions climatiques extrêmes du Grand Nord, et sa lutte acharnée pour nourrir les siens. Véritable symphonie chromatique, telle une toile partagée entre Paul Ryman et Mark Rothko, la pellicule fait monter le blanc de la glace iridescente dans les aigus, et descendre le noir de la nuit menaçante dans les graves. Très vite, l’on s’attache au visage puissant de Nanouk-l’Ours (ours blanc en inuktitut) avec lequel Flaherty tisse une relation étroite pour réaliser son documentaire. Et de suivre, jour après jour, les solutions inattendues, les réactions créatives de l’homme Sisyphe engagé dans son mano a mano avec une nature inhospitalière dont, avec astuce, il déjoue les terribles pièges. Humain, terriblement humain, Nanouk chasse, pêche et n’a pas son pareil pour transformer un redoutable bloc de glace inerte en igloo cosy pour y abriter femme et enfants. Alors oui, la réalité n’était pas tout à fait… réelle, car souvent, pour les besoins du tournage, mais toujours avec son accord, Nanouk avait accepté de rejouer la scène pour un résultat « plus vraie que nature ». N’empêche que 100 ans après, la magie opère et continue de diffuser la fraîcheur désarmante de ses ondes poétiques dans nos esprits aujourd’hui ultra connectés et revenus de tout.
Parallèlement à son contemporain Robert Flaherty (1884-1951), l’artiste-peintre Fernand Léger (1881-1955) découvre le cinéma en 1916, avec Charlie Chaplin, lui-même apparu deux ans plus tôt sur les écrans dans la peau de Charlot. À la pointe de la modernité, Léger, tour à tour artiste, plasticien, puis réalisateur, s’engouffre dans ce nouveau medium dont il pressent tout le potentiel. Le 10 juin, sera projeté The Girl with the Prefabricated Heart (1947) avec trois autres petits films, en dernière séance de la saison pour la Petite salle de l’Institut audiovisuel de Monaco, et en vis-à-vis de l’exposition Fernand Léger et le cinéma présentée cet été au Musée National Fernand Léger à Biot !
Ciné-concert Nanouk l’esquimau : 7 juin, Théâtre des Variétés / soirée Fernand Léger et le cinéma : 10 juin, Petite salle – Institut Audiovisuel de Monaco. Rens : toutlartducinema.mc
Nanouk l’Esquimau © DR