Ah… L’amour !

La Sonnambula

Ah… L’amour !

Double ration lyrique à l’Opéra de Nice cet automne ! La Sonnambula, mélodrame de Vincenzo Bellini, ouvre la saison en novembre, tandis que Jacques Offenbach, le « père » de l’opérette française, rallumera la flamme du pastiche avec Orphée aux Enfers, en décembre.

Quelques mois avant la création de l’immense Norma en décembre 1831, Vincenzo Bellini a déjà le vent en poupe : au printemps de la même année, il crée un mélodrame qui lui est inspiré par un vaudeville d’Eugène Scribe et Casimir Delavigne : La Sonnambula. En seulement deux mois, il compose cette pièce mélancolique qui accompagne et illustre une aventure pleine de tendresse, de sensualité et d’incompréhension entre Amina et Elvino. Un ouvrage qui a offert à l’histoire musicale quelques-uns des plus beaux airs de soprano du répertoire bel canto. La Sonnambula met en jeu les tensions qui naissent du conflit entre les contraintes imposées par un cadre sociétal verrouillé et des pratiques religieuses strictes, face aux aspirations innées de l’individu à l’émancipation. D’autant que, dans la mise en scène imaginée par Rolando Villazón, l’histoire se déroule dans une communauté ultra-conservatrice où les rapports humains sont régis par l’obéissance à un code moral édictant les principes du vivre-ensemble. Pas question de quelconques sentiments encore moins d’émotions, quant aux élans sensuels, on oublie ! Vous-vous souvenez de THX 1138 de Georges Lucas ? On n’en est pas loin… Sauf que les crises de somnambulisme d’Amina ouvrent grand la porte à toutes sortes de pulsions inconscientes réprimées dans la réalité, qui permettent ainsi à la jeune donzelle de donner libre cours à ses désirs, et de s’abandonner aux plaisirs du corps… Mais – dommage pour Elvino – pas avec l’être aimé !

Je ne vais pas vous spoiler la fin, mais ça ne se termine pas trop mal… Du moins, la jeune Elvira ne finit pas en Enfer, comme Eurydice, la femme d’Orphée. Pas franchement heureux dans son couple, Orphée, soucieux de l’Opinion Publique, n’envisage pourtant pas le divorce. Alors quand un coup du sort inespéré le débarrasse de sa moitié, il jubile. Pas longtemps, car le bougre se voit contraint d’aller récupérer sa femme aux enfers. Par chance, Jupiter qui aimerait bien se garder Eurydice rien que pour lui, apportera en véritable deus ex machina la solution qui devrait satisfaire tout le monde… Avec cette Orphée aux Enfers, véritable parodie, voire pastiche, mise en scène à Nice par Benoit Benichou (qui s’était déjà illustré la saison dernière avec la Veuve Joyeuse de Léhar), Jacques Offenbach s’amuse des mythes comme des habitudes par trop grandiloquentes de l’opéra. Ce premier opéra-bouffe, dans lequel certaines critiques voyaient une sorte de profanation du genre lyrique, lancera néanmoins le compositeur sur cette voie… et avec succès ! En témoigne le célèbre French cancan du célèbre Galop infernal, devenu depuis un genre à part entière.

C’est donc un automne lyrique où se confronteront deux approches singulièrement différentes de l’amour, que proposera l’Opéra de Nice très prochainement. Pour donner la cadence de ces brillantes partitions, nous retrouverons respectivement au pupitre Giuliano Carella puis Léo Warynski, lesquels dirigeront l’Orchestre Philharmonique de Nice et le Chœur de l’opéra.

La Sonnambula: 4 au 8 nov / Orphée aux Enfers: 2 au 4 déc. Opéra de Nice. Rens: opera-nice.org

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