02 Nov Être aimé pour se sentir vivant
À Mougins, Scène 55 accueille Arthur Perole, les 8 et 9 novembre prochains. Avec Nos corps vivants, présenté également au Carré Sainte-Maxime en mai 2023, le danseur-chorégraphe propose une expérience singulière, envisagée par l’artiste comme « une caresse ».
À l’origine du projet Nos corps vivants, le chorégraphe Arthur Perole s’est interrogé sur la manière dont l’individu construit sa multiplicité d’être, y compris dans ce qui est le plus intime. Il s’est donc mis en quête de la personne qui saurait au mieux traduire ces nombreux états, si riches et si variés, qui participent de la création de l’identité de chaque individu. Mais il a rapidement constaté que s’il voulait apporter à sa création toute la sincérité qu’il imaginait, il lui appartenait de s’emparer du rôle. Le chorégraphe qui avoue « puiser son écriture dans l’autre » se retrouve à concevoir le mouvement pour lui-même. « J’ai réalisé un grand saut en devenant d’un coup interprète. Il m’a fallu trouver comment on peut se raconter, en apportant un aspect universel. » La création de ce solo a alterné des phases de solitude à des périodes de travail collégial. « J’avais besoin de me retrouver seul ; dans une sorte d’état de perdition, ce néant a fait naître l’essentiel. » Mais le chorégraphe a également été très accompagné, notamment par Alexandre Da Silva qui portait sur son travail le regard extérieur qu’il lui était impossible d’avoir.
Nos corps vivants est bien plus qu’un spectacle : il est une rencontre unique avec l’artiste qui peu à peu dévoile ses émotions. Dans ses prémices, il devait traiter de la masculinité. C’était avant que la pandémie ne s’abatte sur le monde, changeant pour beaucoup la perception des choses. « Pendant le confinement, je faisais partie d’un collectif qui avait mis en place le projet Au creux de l’oreille. Il s’agissait d’appeler des personnes sur une liste pour leur lire un texte. Moi, je choisissais de lire des chansons d’amour comme Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre. » Cette période a fait ressortir un besoin d’amour en opposition à la peur de l’autre. Enrichi de cette expérience et des émotions vécues, le concept de la pièce chorégraphique a donc évolué : « Je voulais de la tendresse, que ce soit une caresse« .
Dans sa quête de sincérité à travers la manière dont il se dévoile, Arthur Perole n’hésite pas à briser la conception frontale habituelle du spectacle : le public n’est pas dans la salle de théâtre, mais sur scène, autour de lui. L’artiste est installé sur une petite estrade centrale. Il y est accompagné de Marcos Vivaldi qui interprète la musique en direct. Il existe une proximité inédite. « Je vois les gens, leur regard qui est un appui chorégraphique pour moi. Il y a une part évolutive. Même si le spectacle est écrit, le travail du corps se fait en live avec la charge émotionnelle du moment. Dans la pluralité d’être, il y a aussi l’autre. Le besoin d’être aimé et la séduction sont au cœur du spectacle. » Pour le public, l’expérience est peu commune puisqu’il se retrouve sur scène, baigné de lumière. Certaines personnes peuvent même être sollicitées par l’artiste alors que s’est progressivement construit un rapport de confiance. « Les gens savent se protéger et chacun peut regarder le spectacle comme il en a envie. » Cette proximité permet à Arthur Perole de livrer des choses que l’on ne voit pas de loin. Une rencontre étonnante chargée d’humanité.
8 & 9 nov 20h30, Scène 55, Mougins. Rens: scene55.fr
12 mai 20h30, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr