L’orchestre qui danse

L’orchestre qui danse

Concert dansé ? Chorégraphie symphonique ? C’est la question que l’on peut se poser avant d’assister à La danse du soleil, proposé à Saint-Maxime par l’orchestre Geneva Camerata et Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola.

« Lorsque je travaille avec des musiciens, je leur demande d’apprendre par cœur la pièce. » Le chorégraphe-danseur Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola aime visiblement les défis, à l’instar du Geneva Camerata qui n’en est pas à son premier projet interdisciplinaire. « Cela met les musiciens dans une situation terrifiante, comme s’ils étaient au bord du précipice… » Sympa ! On oublie donc pupitres et partitions, la trentaine de musicien.ne.s joue ici sans filet. D’ailleurs, ils jouent également sans chaise, debout, déambulant sur la scène, interprétant sans sourciller Le Bourgeois Gentilhomme, comédie-ballet composée par Lully, lorsqu’arrive sur les planches le danseur Martí Corbera. Est-ce un concert, un ballet, une pièce de théâtre ? Les musiciens jouent, littéralement, échangent avec le danseur, qui semble au départ rejeté. Mais un dialogue se crée, doucement. Jusqu’à ce que notre danseur soit parfaitement intégré à la « danse ». 

David Greilsammer, chef du Geneva Camerata, participe lui aussi à la chorégraphie, tandis qu’il dirige ses musiciens. C’est une invitation à la fête, à la célébration, sur une scène enfumée, entre ombres et lumières… Avant que ne résonne la Symphonie n°40 de Mozart, la plus célèbre du maître autrichien. Une œuvre plus sombre, tout en tension, tragique et joyeuse à la fois. Dans ce deuxième tableau, les chaises sont de retour. Plus que de simples objets de confort, celles-ci constituent des éléments de scénographie. Le danseur se lance dans un échange, une lutte, avec un.e musicien.ne qui se retrouve ici, à genoux, là, allongé.e, ou dans une position improbable, assis.e sur sa chaise renversée au sol. Mais on continue de jouer, jusqu’à la « christique » scène finale. Entre la musicalité lumineuse de Lully et la passion sublimée de la symphonie de Mozart, sa composition comme autant de tableaux vivants, et son évocation de thèmes universels (l’amour, l’abandon, la perte…), La danse du soleil constitue véritablement une performance scénique singulière, intrigante, indéfinissable.

11 mars 20h30, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr
photo: La Danse du Soleil © DR