[Spécial Femmes] Cie Sof : la danse contemporaine pour exprimer sa liberté

[Spécial Femmes] Cie Sof : la danse contemporaine pour exprimer sa liberté

Vous avez peut-être croisé les pas de Sophie Raynaud l’été dernier à l’occasion du Summer Pop’arts, ou bien encore durant la période de Noël où elle n’a pas hésité à se transformer en malicieux lutin aux côtés de Marie-Pierre Genovese. « Ma danse a toujours au fond quelque chose de lumineux » avoue la danseuse, chorégraphe et directrice artistique de la Compagnie Sof. Une danse à son image.

D’origine antiboise, le parcours de Sophie Raynaud passe par l’apprentissage de la danse classique, puis du jazz, avant de rencontrer Marie Christine Dal Farra qui enseigne la danse contemporaine. C’est un véritable coup de foudre artistique pour cette discipline : « Tout devenait possible ! En danse contemporaine, on est libre de tout ». Naît aussi la certitude que son avenir sera indissociable de la danse. Elle intègre la section danse contemporaine chez Rosella Hightower qui lui ouvre la voie à de multiples expériences : un passage auprès de la Cie Antipodes à Nice entre autres, avant de rejoindre la Cie Meditango dont L’histoire du tango d’Astor Piazzolla lui permet de partir pendant cinq ans en tournées. Mais elle souhaite aussi développer son « propre terrain de jeux » à travers la création de la Cie Sof.

Les créations vont s’enchaîner : Pas une journée sans ailes où elle apparaît accompagnée d’une musicienne, pose déjà les ressorts d’un style mêlant l’imaginaire et l’humour que l’on retrouve dans En scène, J-1 !!!. Avec Cadré-Décadré, elle est présente au Festival d’Avignon pendant deux années d’affilée. Une expérience inoubliable : « On vit dans l’effervescence, à 3000%. Toutes les émotions deviennent exacerbées ». Citons aussi Coup de Ballet où l’on suit les aventures d’une femme qui se réincarne au fil de ses lectures, puis Duo proposé notamment en octobre 2020 au Théâtre Antibéa, avant le second confinement. Énergique et enjouée, cette dernière création lui paraissait appropriée dans le contexte que nous traversons.

« L’art est une soupape qui permet de réinventer nos vies »

Son travail artistique est mûrement réfléchi sauf pour la recherche du mouvement proprement dit, car « c’est à force de travailler la matière que les choses émergent ». Ses créations se basent donc sur une réflexion qui va poser les jalons de son histoire. D’un naturel plus cérébral qu’instinctif, elle considère la danse comme un questionnement permanent qui se nourrit de tout ce qui est vécu. Mais sa joie de vivre et sa fantaisie transparaissent inévitablement. Depuis la fermeture des salles de spectacles, Sophie Raynaud a opté pour la préparation de performances en extérieur même si cela induit pour l’artiste une importante préparation physique, car les contraintes sont toutes autres. « Les contraintes amènent la créativité et repoussent les limites : il faut rebondir et trouver d’autres voies. »

Elle travaille donc à la création de nouvelles combinaisons en invitant des danseurs et des musiciens d’univers différents à la rejoindre permettant par exemple de croiser la danse contemporaine au tango ou au hip-hop. « La qualité de la danse contemporaine est d’être riche et diversifiée. Elle est liberté du mouvement, du corps, mais aussi des lieux, des sujets, des musiques… ». Plus que jamais elle attend la reprise des spectacles : « Le travail des artistes permet aux individus de s’ouvrir au monde. Au corps vivant, il faut aussi un esprit alimenté qui puisse se confronter aux autres, qui réfléchit. L’art est une soupape qui permet de réinventer nos vies. Ces instants sont précieux et les artistes contribuent à offrir ces moments d’évasion. »

(photo Une : Duo, Sophie Raynaud, Cie Sof © Sophie Benoit)

Ce texte fait partie d’un dossier Spécial Femmes qui va paraître tout au long du mois de mars. Bien entendu, La Strada n’a pas attendu le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, pour parler de la cause féministe, car nous veillons toute l’année à leur donner la parole, ainsi qu’aux défenseur.e.s de leurs droits ! Retrouverez ci-dessous les autres textes de ce dossier :
Louise Michel, Viro Major
La barque noire de Virginie Peyré
Au revoir à toi, femme de Culture
Carole Paulin : l’art de donner de la voix
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La création n’attend pas pour la Cie Antipodes
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