[Spécial Femmes] Une guerre mondiale contre les femmes

[Spécial Femmes] Une guerre mondiale contre les femmes

Ce petit livre est une bonne introduction à l’œuvre majeure de Silvia Federici, Caliban et la sorcière, un ouvrage fouillé et précis qui remet en perspective l’évolution du capitalisme et les changements sociaux qu’il a entraînés dans la vie des femmes.

Recueil d’articles, de conférences données par l’auteure et de condensés de certains chapitres du livre, la lecture de ce Une guerre mondiale contre les femmes – Des chasses aux sorcières au féminicide est plus accessible que le pavé d’origine et nous donne déjà les premières clés de sa réflexion. On y découvre avec stupeur cette relation entre les procès en sorcellerie que l’on retrouve en Angleterre vers le 17e siècle, correspondant aux premières lois d’enclosure qui rendaient privées des terres initialement cultivées de façon collective et poussaient à la misère de nombreuses femmes à qui on arrachait leur culture vivrière ancestrale. Des femmes qui étaient moins « fortes » que les hommes certes, qui n’étaient pas éduquées, mais qui avaient un sens du commun et de la transmission qui n’allaient pas avec les idées capitalistes naissantes. On apprend l’existence d’un masque anti-mégère qui enserrait la tête des femmes avec une plaque en métal et des pointes qui se plaçaient sur la langue pour les empêcher de parler. On y découvre le terme gossip qui avant cela n’était pas du tout péjoratif, mais symbolisait une femme de confiance. Des comportements horribles vis-à-vis des femmes que l’on retrouve encore de nos jours en Afrique ou en Inde, et toujours pour les mêmes raisons : la mise sous silence des voix féminines et la spoliation de leurs biens et savoirs. En lisant cela, on comprend mieux ce combat pour le respect des femmes qui peut aussi s’étudier à la lumière d’une économie libérale toujours plus destructrice pour l’humanité et décidément trop masculine dans son terreau idéologique.

Une guerre mondiale contre les femmes – Des chasses aux sorcières au féminicide
Silvia Federici
La Fabrique Édition

Ce texte fait partie d’un dossier Spécial Femmes qui va paraître tout au long du mois de mars. Bien entendu, La Strada n’a pas attendu pas le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, pour parler de la cause féministe, car nous veillons toute l’année à leur donner la parole, ainsi qu’aux défenseur.e.s de leurs droits ! Retrouverez ci-dessous les autres textes de ce dossier :
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