Dans sa tête

Dans sa tête

À Paris, le métro, un soir de Noël… Noyé dans la foule qui afflue station des Halles, Karim, 24 ans, est un passager parmi d’autres. Enfin pas vraiment, parce que le jeune homme est bardé d’une ceinture d’explosifs dissimulée sous son blouson. Il va se faire sauter parce qu’il est Un bon petit soldat, titre éponyme du spectacle écrit et mis en scène par Mitch Hooper, à découvrir dans le cadre du festival Trajectoires.

Sonné par les terribles attentats de 2005 dans le métro londonien, l’auteur anglais établi en France avait envisagé d’écrire sur le sujet, transposé dans le métro parisien. « J’ai développé l’idée de deux frères dont l’un est entraîné par l’autre dans un attentat kamikaze, mais qui finit par choisir la vie. Ce projet est resté au stade d’ébauche. Jusqu’aux attentats de janvier et novembre 2015. Et ce sont les événements qui ont rattrapé la fiction. Cela a été un choc. Dans les deux cas, avec Charlie Hebdo, et les attentats du 11 novembre, il y avait deux frères. »

Meurtri par une déception amoureuse, Karim suit son frère Khaled à Londres où il comprend que tout a été orchestré par des djihadistes : « Najib vient me voir et me dit : — Tu te sens de faire un attentat suicide comme ton frère ? Je voulais pas passer pour un con, alors j’ai dit — Ouais, ouais, pourquoi pas. » Dans le ronronnement du métro, Karim fait défiler sa vie… Un père inconnu, une mère morte d’overdose, placé dans un foyer à 8 ans, l’attachement à son frère devenu délinquant radicalisé en sortant de prison, sa découverte du théâtre. Introspection qui nous fait suivre le cheminement de ses pensées secrètes ricochant de la certitude au doute, de la révolte à l’humour, de la colère à l’empathie, jusqu’au choix de bifurquer vers une autre voie.

Mitch Hooper a casté deux acteurs, Samuel Yagoubi et Theo Askolovitch (en alternance) pour défendre son texte. Tels des frères aux personnalités bien distinctes, chacun l’enrichit des nuances qu’il y décèle, tout en jouant la même partition.

11 jan 20h, Théâtre de Grasse. Rens: theatredegrasse.com