Insolite transgression

Insolite transgression

À Toulon, le Théâtre Liberté accueille L’Affaire Harry Crawford, pièce de l’auteur dramatique australien, Lachlan Philpott, que Carole Errante met en scène « comme un thriller métaphysique« .

Entre dialogues et interludes dansés, le thème interroge sur l’identité du genre, les sexualités, les origines et les classes sociales. S’il arrive souvent aux hommes de se travestir en femme au cinéma (Certains l’aiment chaud, Tootsie, Talons aiguilles…), l’inverse est plus rare. Certaines actrices ont accepté cependant de se grimer pour les besoins d’un rôle comme pour Yentl, Victor Victoria ou I’m not there. Ce thème du travestissement, qu’il soit traité sur grand écran ou au théâtre reste toujours troublant, empreint de mystère, car il dérange et par là même, fascine. Depuis les Grecs de l’Antiquité, il est une tradition sur les planches. C’est une pratique de théâtre joyeuse et grave, à la fois un jeu dans le jeu, un code et une liberté qui ont traversé les âges.

Si elle a souvent soulevé le rire, l’usurpation d’identité – même de soi – a toutefois connu son revers tragique. C’est le cas dans ce texte, inspiré de l’histoire vraie d’Eugénia Falleni (1875-1938) immigrée italienne, illettrée, issue de la classe ouvrière, qui a vécu la plus grande partie de sa vie en tant qu’homme sous le nom de Harry Crawford à Sydney. Arrêté et condamné à mort en 1920 pour le meurtre de son épouse Annie, sans preuve établie, Crawford sera finalement relâché 11 ans plus tard. Dans le procès qu’on lui intenta, retentissant pour l’époque, on condamna, plus que le meurtre, une insoumise à la normalité, une dissidente du genre et du sexe.

24 & 25 fév 20h, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr
(photo : L’Affaire Harry Crawford © Agnes Maury)