04 Oct Mauvaise limonade
Une drôle d’impression plane sur notre perception de l’information en ce moment, car une confusion, volontaire ou pas, semble avoir frappé dirigeants et médias.
D’un côté, le climat totalement déréglé, la sécheresse, les incendies et une anormale chaleur ont marqué l’été 2022, et ça continue à la rentrée alors que certaines villes de Floride ont totalement été détruites par un ouragan, et l’on sait qu’il y en aura d’autres… Pendant ce temps pèse sur nous la menace nucléaire d’un fou dont la psyché se déchire entre l’admiration pour le tzar et celle pour Staline, alors qu’il a déjà causé trop de morts à l’Est de l’Europe.
On signale très peu le fait que les Etats-Unis et la Russie s’enrichissent grâce à la pénurie de gaz. Y’aurait-il connivence ? Personne ne pense à ce directeur de campagne de Trump qui fit élire tous les Présidents américains ultra-conservateurs depuis Gerald Ford en recevant de l’argent russe via l’Ukraine. Vous rappelez-vous que lorsque Ford fut élu, l’URSS existait encore ? La tension entre USA et Russie serait-elle entretenue pour étouffer l’Europe qui, tout compte fait, est un marché intérieur presque deux fois plus important que celui de chacun de ces deux puissants qui la tenaillent. C’est ce que l’on pourrait appeler trivialement un « hamburger géopolitique », où le steak haché est l’Europe !
Et puis arrivent les profiteurs de guerre, les charognards qui suivent les despotes : les grands pétroliers et consorts… Traduction pour le quidam moyen ? Le prix de l’électricité sera indexé sur celui du gaz qui bien sûr est en hausse constante vue la pénurie. Au fait, pourquoi indexer le prix de l’électricité sur celui du gaz ? Pourquoi ne pas taxer les profiteurs plutôt que demander aux utilisateurs de payer plus et même de se priver : on nous annonce des coupures…
Et au beau milieu de cette « bouillie politico-médiatique », dans ce petit coin du Sud-Est de la France se passent des choses dont on a l’impression qu’elles sont méprisables. Il est vrai que Nice est si loin de Paris. Ainsi le 14 juillet de cette année, pas un mot lors du discours du Président qui n’a rien dit pour les victimes de l’attentat ! Le procès de ce massacre se déroule et une sensation de lassitude transparaît dans les grands médias privés, un journaliste de Charly Hebdo s’étonne même du peu d’engouement de la presse pour le procès. L’écrivain niçois Thierry Vimal (voir encadré) qui a perdu sa fille ce 14 juillet 2016 enrage face à cette impression d’indifférence. Aussi a-t-il décidé de faire un blog (capassecreme.com) pour chroniquer ce procès à sa manière…
En parallèle, des pseudo-supporters de football allemands, d’un kop d’extrême-droite, connu comme un des plus dangereux d’Allemagne, envahit Nice, pille, vandalise pendant une journée entière. Pourquoi les a-t-on laissé faire ? Pourquoi ont-ils pu pénétrer dans le stade ? Mais très vite les Niçois, leur club, ont été accusés. Le Ministre s’est “couvert“ en annonçant que l’ordre avait été maintenu, méprisant du même coup l’impact sur la ville de cette journée scandaleuse. Personne n’a relevé l’entente entre ces cops ultrapolitisés. Rappelons-nous Arkan, en ex-Yougoslavie, qui leva ses « milices du crime » dans tous les stades d’Europe… La vague monte dans l’indifférence, nous sommes dans Don’t look up, version 1939, mais n’en parlons pas. “Chargeons“ les gens du Sud et fermons les yeux.
Bertrand Rossi, le Directeur de l’Opéra de Nice, s’est fait insulté par de vagues critiques qui ont le goût du Vichy pour avoir voulu s’ouvrir aux jeunes en programmant un festival de métal. Si c’était à Bastille ils auraient applaudi.
Alors comme disait Hannah Arendt, les fondements du totalitarisme passent par la confusion. N’est-elle pas entretenue par l’absence de hiérarchisation de l’information par les médias et de priorités politiques cohérentes. L’Italie est maintenant aux mains de nostalgiques de Mussolini, alors que les « grands » médias nous ont imposé une semaine de cérémonie pour la Reine d’Angleterre, en pleine guerre et en plein désordre… Et comme si cela ne suffisait pas, on s’intéresse aux histoires de couples de quelques leaders politiques comme si c’était le centre de nos vies. Tant de femmes modestes subissent tous les jours violences et même meurtre dans l’indifférence la plus totale et l’anonymat le plus abject. On pleure la Reine plus que nos mort.e.s, pourquoi ?
Toutes ces contradictions, ajoutées à la peine et à l’écœurement, commencent à peser. On a envie de dire Assez ! à tout ce personnel politique, à tous ces pseudo éditorialistes, à tous ces populistes qui envahissent l’Europe. Nous avons des enfants, nous ne voulons ni guerre ni profiteurs. Vos écrans de fumée ne cacheront pas la forêt d’incompétents et d’irresponsables qui nous inondent de leurs analyses médiocres. Votre entre-soi est malsain et ridicule. Les gens dorment dans la rue, les smicards travaillent et dorment dans leurs voitures, on a le toupet de les appeler des travailleurs pauvres, les allocataires sont traités d’assistés alors que les majors compagnies touchent des aides, fraudent, optimisent en demandant que nous serrions encore plus la ceinture. Ce ne sont plus des paradoxes, mais des outrages à notre intelligence et à notre dignité.
Non, les pauvres ne peuvent plus se priver en regardant les pétroliers et tous les autres profiteurs faire de super bénéfices. Non, nous ne voulons pas que nos enfants paient les pots cassés pour ces injustices. Non, ils n’iront pas faire la guerre. Non, nous n’accepterons pas de revivre ce que Vichy, Mussolini, Hitler ou Staline ont fait vivre à d’autres. Les étrangers ne sont un danger pour certains que lorsqu’ils sont pauvres. Les dictateurs africains vivent dans des châteaux, leurs victimes meurent en mer. Certains Princes du Moyen-Orient claironnent et organisent des grands événements dans le désert et dans des stades climatisés, ils se permettent même de briller dans les chaînes sportives après avoir laissé mourir des milliers de gens. Par contre, on stigmatise les pauvres de la même origine : on les accuse de tous les maux et d’être tous des terroristes alors qu’à Nice le 14 juillet nombre d’entre eux furent victimes.
Ce dérapage généralisé est inique. Si le “petit marquis Baladur“ s’était permis le fameux : « Je vous demande de vous arrêter ». Nous vous disons clairement : BASTA !