Ironie acide et dérision lucide

Ironie acide et dérision lucide

Artiste atypique, Marine Foissey est une femme qui a su tirer son épingle du jeu et s’affirmer comme un talent de la photographie française. Elle est la créatrice d’une série très ironique et féministe, Fucking Perfect Life, qu’elle a créée grâce à des scénettes mettant en scène de célèbres poupées.

Grâce à ses parents, les vacances étaient à chaque fois pour Marine Foissey une occasion, et surtout un choix, de se nourrir d’art et de culture. Musées, expositions, sites historiques, chaque pays visité constituait un parcours initiatique, développant chez Marine une sensibilité à ce que l’Art offre en partage, sens et émotions. La photographie a fait partie intégrante de son enfance, car très vite lui est offert un appareil argentique qu’elle utilise lors de ses multiples voyages. Son regard, son œil, et ses émotions se forgent…

Après un Baccalauréat littéraire et arts plastiques, puis deux mois à la Sorbonne en histoire de l’Art (où elle s’ennuie), s’en suit une année qu’elle qualifie « d’errance« , et qu’elle occupe en partie de visites de musées et d’expos. Lui vient alors l’idée, presque saugrenue à ce moment-là, de faire de la photo. « Et pourquoi pas ?« , dit-elle. Deux semaines plus tard, elle passe avec succès le concours d’entrée d’Icart Photo. Après deux premières années très académiques, ni engageantes ni passionnantes, arrive la pratique, la liberté de créer… Avec pour objectif fixé aux étudiants de concevoir leur book de fin d’études. Elle choisit un sujet et une approche intimes. Elle y explore autant sa créativité que ses propres émotions, l’une servant les autres, et inversement. Marine se passionne et se révèle, autant à elle-même qu’auprès de ses professeurs. Son book lui vaut la 4e place de sa promo et son diplôme, et lui servira lors d’un concours qui lui donne accès à un festival de photographie. Elle découvre alors la scénographie, la joie de l’accrochage et du partage avec le public, enchaîne les festivals avec succès, avec de nouvelles séries. Elle ne s’arrête plus depuis.

Marine ne cherche pas à faire du beau, mais à exploiter l’esthétique au service de ses émotions et du sens, qu’elle veut partager. Chaque série, chaque œuvre est une allégorie alchimique et narrative, à chaque fois accompagnée d’un texte, étape finale de leur création. Chacune, « entre ironie acide et dérision lucide« , comme elle aime à le dire. En ce mois de mars, marqué par la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c’est à sa série très ironique, Fucking Perfect Life, créée grâce à des poupées Barbie que nous nous sommes intéressés. Et voilà comment elle définit son approche: « J’aimerais que le temps avance, j’aimerais que les consciences surgissent, j’aimerais que l’éducation aille dans un réel sens du commun, du partage et de l’égalité. La femme détient une puissance incroyable mais l’histoire a fait que… Le temps a fait que… L’Homme a fait que… Dans ma série, j’ai utilisé des poupées (très roses et très connues) pour illustrer la complexité, la drôlerie et l’absurdité de nos rapports entre femmes et hommes. Ce travail n’est pas à prendre comme un plaidoyer, plutôt comme des petits bonbons acidulés au goût de prise de conscience. » À suivre.

Rens: marinefoissey.com
photo: V.O, série Fucking Perfect Life © Marine Foissey